L'Agence de sécurité sanitaire française épingle une nouvelle fois les cabines de bronzage. Dans un avis, elle demande « aux pouvoirs publics de prendre toute mesure de nature à faire cesser l’exposition de la population aux UV artificiels », signant le potentiel arrêt de mort de ces centres en France.
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Un teint hâlé toute l'année, même durant l'hiver le plus glacial. C'est ce que nous promettent les centres de bronzage qui séduisent nombre de personnes, et ce malgré les multiples avertissements à leur égard. L'exposition aux rayons ultraviolets aurait des conséquences néfastes sur la santé, comme l'augmentation du risque de développer un cancer de la peau.
Ces « cabines miracle » sont une nouvelle fois pointées du doigt, cette fois-ci par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), qui a été sollicitée par le ministère de la Santé pour émettre un avis sur ce sujet controversé.
Dans une note publiée ce mercredi, l'instance recommande l'arrêt total de l'activité liée au bronzage artificiel. Elle prie les pouvoirs publics de « prendre toute mesure de nature à faire cesser l'exposition de la population aux UV artificiels émis par les cabines de bronzage » devant un risque de cancer « avéré ».
« On ne peut plus attendre, s'indigne auprès de l'AFP Olivier Merckel, chef de l'unité d'évaluation des risques aux agents physiques à l'Anses. Les données scientifiques s'accumulent, il n'y a plus de doute, on a des preuves solides, le risque de cancer est avéré, on a des données chiffrées sur les risques pour les jeunes, pour toute la population ».
Aucun bénéfice pour la peau
« Les cabines de bronzage émettent des rayonnements à forte intensité, équivalant à l’exposition à un soleil tropical. Ces doses reçues lors des séances de bronzage artificiel se cumulent à celles reçues naturellement. Elles provoquent des dommages de l’ADN et augmentent le risque de cancers cutanés », assure l'Anses.
La dangerosité du bronzage artificiel est accrue chez les jeunes, comme le soulignait l'Agence en 2014. « Les personnes ayant eu recours au moins une fois aux cabines de bronzage avant l’âge de 35 ans augmentent de 59 % le risque de développer un mélanome cutané », explique-t-elle.
Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) classe d'ailleurs les rayonnements UV artificiels comme « cancérogènes certains » pour l’Homme depuis 2009.
Outre le risque de cancer, les rayonnements artificiels entraînent d'autres effets délétères, comme un vieillissement accéléré de la peau, « quatre fois plus rapide avec les lampes de bronzage qu'avec le soleil ». Aucun apport en vitamine D et pas de protection vis-à-vis des coups de soleil, les UV à fin esthétique ne présentent définitivement « aucun bénéfice », martèle Olivier Merckel.
Une interdiction demandée depuis 2015
De son côté, le syndicat national des professionnels du bronzage en cabine maintient dans un communiqué paru ce mercredi que « le bronzage raisonné n'est pas dangereux et participe au bien-être des Français ».
Le syndicat dénonce également la potentielle « destruction de 20 000 emplois dans la filière beauté bien être en France » si le gouvernement venait à suivre les recommandations de l'Anses. « Depuis ces quatre dernières années, 25 % des centres de bronzage ont disparu », ajoute-t-il.
L'interdiction de ces cabines est demandée depuis 2015 par les dermatologues, l'Académie de médecine et même les sénateurs, mais sans être suivie à ce jour par les pouvoirs publics, qui se sont contentés de durcir leur réglementation. La pratique du bronzage en cabines a notamment été interdite aux mineurs, toutefois « les contrôles montrent qu'il y a encore une fraction non négligeable des moins de 18 ans qui le pratiquent », regrette Olivier Merckel.
Reste au ministère de la Santé, à qui l'avis a été transmis, de prendre sa décision.