Puisqu'on utilise les routes, il semble normal que l'on participe à leurs frais de rénovation. Logique. Et ce n'est pas nos politiques qui diront le contraire avec le nouveau projet d'Élisabeth Borne, la ministre des transports, qui veut faire apparaître une nouvelle vignette automobile…
La vignette automobile n'est pas une idée nouvelle et a permis de financer nombre de projets. À l’instar de la vignette pour financer les recettes, à l'époque où l'automobile était considérée comme un produit de luxe, en 1957. Beaucoup plus récemment, en 2016, nous connaissions la vignette « Crit'Air » afin de signaler les véhicules les moins polluants. 2018 pourrait bien accoucher d'une nouvelle vignette qui aura pour objectif de financer la rénovation des routes que l'on pratique tous les jours.
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Chaque année, le World Economic Forum établit un classement qui juge de la qualité des infrastructures routières. En 2012, nous occupions la première place et en 2015 nous étions à la septième place. Un constat alarmant et révélateur de l'état de nos routes. Par exemple, un marquage au sol effacé, mal adapté voire absent, est jugé comme non performant. Et si nous utilisons les routes, il semblerait normal de payer pour aider à la rénovation. À l'image du réseau SNCF. « Les trains payent une redevance à SNCF Réseau pour l'usure des rails, mais les véhicules légers passent et repassent sur les routes sans rien verser », explique Hervé Maurey, sénateur de l'Eure.
Si l'entretien des routes est important, c'est aussi et surtout pour limiter les décès sur celles-ci. Car si une route est entretenue convenablement, signalisations renforcées, nids-de-poule supprimés, le taux de mortalité se verra très certainement en baisse. Hervé Maurey, justifie la création de vignette automobile en témoignant d'une certaine urgence à ne pas prendre à la légère : « Dans un contexte d’argent public rare, la tentation est forte de se passer de l’entretien, une année, puis deux… Ça ne se voit pas, exactement comme la toiture d’une maison. Mais attention, après dix ans, il pleut dans le salon. Dans le cas des routes, c’est un très mauvais calcul. Une fois le réseau endommagé, il devient beaucoup plus coûteux de le remettre à niveau. »
40 millions d'automobilistes
« Il ne faudrait pas avoir un hiver trop froid cette année, met en garde Pierre Calvin, président de l'Union syndicale de l'industrie routière française (USIRF). Avec le gel, l'état actuel des couches supérieures des routes pourrait provoquer de gros problèmes ! Il y a des dégradations évidentes, comme l'apparition de nids-de-poule, d'autres moins. À force de pluie et de passage de poids lourds, le bitume perd par exemple en adhérence, avec le risque pour les conducteurs de finir dans le décor au premier virage. La cause de ce mauvais état général ? Une diminution des crédits d'entretien. Les industriels de la route affirment avoir perdu 30% de leur activité en cinq ans à cause du désengagement de l'État et du manque d'argent consacré par les mairies et les conseils départementaux à ce patrimoine.»
3 et 5 milliards d'euros. C'est le montant à récupérer par le biais de cette vignette anti nids-de-poule. Selon Le Parisien, il faudra donc débourser entre 75 et 120 euros par véhicule et par an pour arriver au résultat escompté, à raison de près de 40 millions de voitures en circulation. Toujours selon Le Parisien, les experts réfléchissent à d'autres sources de financement comme augmenter la taxe sur l'essence, facturer au kilomètre la circulation des camions comme des voitures, pourquoi pas en utilisant la géolocalisation. « On pourrait tout à fait envisager un cocktail de ces mesures », a glissé un spécialiste.