Dans son livre « Les leçons du pouvoir », qui paraît ce mercredi, François Hollande dresse le bilan de ses cinq années passées aux manettes de l'Élysée. À travers cette première grande prise de parole depuis la fin de son mandat, désormais retiré du feu de l'action, l'ancien président profite de cette prise de recul pour revenir sur ses réussites et sur ses erreurs en tant que chef d'État. Page après page, il dévoile ses regrets et ses espoirs, aborde tant des sujets d'analyse politique que des questions concernant sa vie privée, avec notamment sa rupture avec Valérie Trierweiler, et le traitement médiatique qui en a été fait.
Mais François Hollande s'est également longuement épanché au sujet de son successeur, Emmanuel Macron. Il raconte d'abord l'ascension fulgurante de celui qu'il dépeint comme un jeune entrepreneur politique aux dents longues, débordant d'ambition et prêt à tout pour réussir. Il ne se prive pas non plus de tacler son ancien protégé tant sur sa politique que sur son caractère... et sur les conditions de son élection, qui doit selon lui beaucoup « au jeu du destin ».
Outre sa critique de la succession de réformes annoncées par Emmanuel Macron, qu'il décrit comme étant « totalement injustifiées », ne « bénéficiant qu'aux très riches » et comme « creusant les inégalités sociales », François Hollande s'inquiète plus particulièrement du tempérament jupitérien et de sa conception du pouvoir de son successeur.
« Dans un hebdomadaire, il affirme que la France vit dans une nostalgie implicite de la monarchie, que la disparition du roi a laissé une place vide au sommet de l'État. Je n'y vois pas de malice, écrit François Hollande, se souvenant de l'été 2015 qui a vu le jeune ministre prendre de plus en plus d'assurance et devenir de plus en plus ambitieux. Je mets cette idée sur le compte de son goût pour les débats d'idées. Pourtant, rétrospectivement, cette dissertation éclaire bien la pratique du pouvoir qu'il met en avant depuis son élection ».
Bien sûr, l'ancien président s'exprime aussi au sujet de la « trahison » du fils prodigue, et du moment où il a compris les ambitions réelles de celui qu'il avait choisi comme conseiller, puis comme ministre, à un moment où ce dernier refuse toujours de dire clairement ses intentions.
« Je comprends ce jour-là qu'Emmanuel Macron ne s'inscrit pas dans l'histoire de la gauche, pas davantage dans celle de la social-démocratie, ni même dans une recomposition qui pourrait préfigurer une coalition progressiste. Il est à son compte. Il a créé une entreprise, il entend la mener le plus loin possible ».
Au-delà du portrait parfois un peu acide, François Hollande revient sur la présidentielle qu'il a choisi de regarder depuis le banc de touche, ainsi que sur les conditions qui ont permis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron : « Son élection doit beaucoup à un jeu du destin et à l'état des autres forces politiques. Il a dit lui-même qu'il avait été élu 'par effraction'. C'est vrai ».
« J'aurais pu le battre, mais je n'ai pas voulu »
Interrogé ce mardi sur France 2 au sujet de son livre, l'ancien chef d'État a approfondi certains points abordés dans son livre, et notamment sur la question de son renonçement à l'élection présidentielle de 2017.
À la question de la journaliste Anne-Sophie Lapix, qui lui demande s'il aurait pu battre Emmanuel Macron lors de cette présidentielle, François Hollande assure : « J’aurais pu, mais je ne l’ai pas voulu ».
Pour justifier ce qu'il présente comme étant sa décision de s'effacer au profit de son ancien protégé, l'ancien locataire de l'Elysée explique : « Qu'est-ce que ça aurait donné ? Ce n'est pas moi qui aurait gagné, ce n'est pas lui qui aurait gagné. Et aujourd'hui, on aurait un président de la République qui mènerait une politique encore plus dure. »