Un jeune homme handicapé s’est récemment vu refuser l’accès à un bus par le chauffeur, lequel s’est justifié en prétextant qu’il n’avait pas le temps pour s’occuper de ce passager en fauteuil roulant. Les faits se sont produits il y a moins d’une semaine, dans le département du Gard.
On ne le dira jamais assez, la France accuse un retard certain concernant l’accessibilité des services aux personnes en situation de handicap. Et quand ce ne sont pas les équipements qui font défaut, la réticence et la mauvaise volonté de certains se chargent de faire du quotidien des personnes à mobilité réduite un vrai parcours du combattant.
« Le chauffeur n'a pas voulu (…) car il était en retard de 15 minutes »
Un certain Amaury Martin vient d’en faire la douloureuse expérience. Originaire de la ville de Thor (Vaucluse), ce jeune homme de 28 ans, qui se déplace en fauteuil roulant, a ainsi vécu une histoire désagréable dont il se serait bien passé.
Un chauffeur refuse qu'un handicapé monte dans le bus avec son fauteuil roulanthttps://t.co/9uvOK4Pjiu
— France Bleu Vaucluse (@bleuvaucluse) 28 janvier 2019
La scène s’est déroulée le dimanche 20 janvier dernier dans la ville du Grau-Du-Roi (Gard). Alors qu'un bus liO (Lignes Intermodales d'Occitanie) s’arrête à son niveau et qu’il s’apprête à rentrer chez lui, Amaury tombe des nues lorsque le chauffeur refuse de le faire monter à bord, affirmant que le véhicule n’est pas adapté.
« Il a refusé de me monter dans le bus. Il a dit que le bus n'était pas accessible pour les personnes handicapées. C'est faux car il y avait le logo «Accessibilité handicapé» sur une des portes », raconte Amaury au micro de France Bleu Vaucluse. « Le bus pouvait s'abaisser avec des vérins hydrauliques. Le chauffeur n'a pas voulu le faire car il était en retard de quinze minutes », précise-t-il.
Immédiatement prévenue, la mairie prend finalement en charge le trajet retour du jeune homme en lui payant un taxi. Mais le mal est fait et Amaury Martin décide de ne pas en rester là.
« Une personne handicapée a le droit de vivre, de bouger »
Il a ainsi déposé plainte et alerté les députés du Vaucluse et du Gard, désireux de faire valoir ses droits. Il souhaite également rencontrer Emmanuel Macron pour lui faire part des doléances des personnes handicapées, et lui rappeler les soucis quotidiens auxquels ces dernières sont confrontées.
« Ce n’est pas la première fois que ça arrive. Là, c'est stop. Ça me donne la force de casser les portes pour rencontrer prochainement le président de la République », explique-t-il déterminé.
En plus des élus locaux et du président, la secrétaire d'État en charge des personnes handicapées Sophie Cluzel a également été alertée.
Interrogée à son tour, la mère d’Amaury, Nadine Martin, déplore qu'une personne en situation de handicap soit perçue comme « une bête curieuse qui n’a rien à faire dans ce monde ». « Une personne handicapée a le droit de vivre, de bouger », ajoute-t-elle.
Si Amaury veut que le chauffeur du bus soit sanctionné, il ne souhaite pas pour autant que celui-ci soit démis de ses fonctions. Il réclame par ailleurs des excuses de sa part et demande « qu'il prenne le temps d'accueillir à bord du bus les personnes à mobilité réduite ».
De son côté, la région Occitanie a présenté « ses excuses à la famille », affirmant que l'autocar n'était « pas habilité pour transporter des personnes à mobilité réduite », et que le logo « Accessibilité handicapé », présent sur la vitre du véhicule, était « une erreur ».
Cette histoire n’est pas sans rappeler celle similaire survenue en octobre dernier à Paris, mais dont l’issue avait été cette fois très différente. Agacé de voir ses passagers en train de gêner la montée d'une personne en fauteuil roulant, un chauffeur avait en effet ordonné à ces derniers de descendre du bus et d’attendre le prochain, avant de reprendre la route uniquement avec le voyageur handicapé.