C’est une première ! La justice a annulé la commercialisation du Round Up 360 Pro, pourtant autorisée par l’Anses. Une décision pleine d’espoir pour tous ceux dénonçant la toxicité du glyphosate.
C’est une victoire - presque inespérée - pour les opposants à Bayer-Monsanto. Le tribunal administratif de Lyon a décidé d’annuler ce mardi l’autorisation de mise sur le marché du Round Up 360. Ce désherbant - produit phare commercialisé par le géant de l’agrochimie - contient du glyphosate, un herbicide fortement suspecté d’être cancérigène.
Invoquant le « principe de précaution », la justice rend ainsi caduque l’autorisation délivrée en mars 2017 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Un sévère désaveu pour cette institution publique dont la mission première est d’assurer la santé de nos concitoyens, en évaluant les risques d'une multitude de produits.
« Une atteinte à l’environnement susceptible de nuire à la santé humaine »
La justice avait été saisie au préalable en mai 2017 par le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen), qui n’a eu de cesse de dénoncer la dangerosité du glyphosate ces dernières années.
En se basant notamment sur des travaux émanant du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), les juges ont estimé que l’Anses avait « commis une erreur d’appréciation ». Considérant que le Roundup Pro 360 est « un produit potentiellement cancérigène pour l’homme, suspecté d’être toxique pour la reproduction humaine et pour les organismes aquatiques », ils en sont arrivés à la conclusion que son utilisation « (portait) une atteinte à l’environnement, susceptible de nuire de manière grave à la santé humaine ».
Il s’agit d’une décision sans précédent qui pourrait faire date. Jamais auparavant, une juridiction française n’avait en effet bloqué la commercialisation d’un produit contenant du glyphosate. En revanche, c’est déjà la deuxième fois que l’Anses est désavouée en l’espace d’un an. En novembre 2017, l’agence avait ainsi été rappelée à l'ordre par le tribunal administratif de Nice, qui avait suspendu l’autorisation de deux insecticides à base de sulfoxaflor, une substance réputée dangereuse pour le système nerveux des insectes et notamment des pollinisateurs.
Présidente du Criigen, l’avocate Corinne Lepage s’est félicitée de cette décision. « C’est potentiellement une décision qui devrait s’appliquer à tous les produits de type Roundup et de manière générale à tous les produits à base de glyphosate », s’est ainsi réjouie l’ex-ministre de l’Écologie.
Une grande première qui doit être généralisée @HLAvocats @CRIIGEN : le TA de #Lyon annule une autorisation de #roundup @MonsantoFrance contenant du #glyphosate en application du #principedeprécaution en retenant la probable toxicité pour la reproduction et le risque #cancérigène
— Corinne Lepage (@corinnelepage) 15 janvier 2019