« Au nom de toutes les femmes qui subissent ça tous les jours ». Caroline, une étudiante strasbourgeoise de 24 ans, a filmé mercredi 22 août le harcèlement de rue dont elle a été victime. Elle a ensuite posté la vidéo sur les réseaux sociaux pour dénoncer ces comportements qui ne doivent pas être banalisés.
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Il est 20 heures 30 à Strasbourg lorsqu'un groupe de garçons interpelle Caroline, une jeune femme de la région qui sort de chez elle pour faire des courses dans le quartier de l'Esplanade le 22 août. « Oui, oui, on sait que tu es mignonne », lui lance l'un d’eux, tandis qu'elle ne fait que passer. « Pardon ? », rétorque cette dernière, avant que le ton ne monte immédiatement. « Fais pas ta meuf ou je te balaye ! Baise ta mère ! », répondent les malotrus.
« On vient de me dire « baise ta mère » parce que je suis en jupe », se désole la jeune femme de 24 ans dans une vidéo de la scène qu'elle a postée sur son compte Facebook.
Visiblement à bout, elle a accompagné le post d'un long message. « Je devrais peut-être m'excuser à vrai dire ? M'excuser d'être une femme, dans un pays « libre », m'excuser d'essayer d'être jolie, m'excuser d'être coquette, m'excuser de porter une jupe sous 35 degrés », s'insurge celle qui n'en peut plus d'avoir peur, de garder le silence ou de baisser la tête devant ses agresseurs.
« Voilà, c'est ça d'être une femme à Strasbourg, ou partout en France »
C'est loin d'être la première fois que Caroline est importunée de la sorte. « Tous les jours, c'est ce que NOUS vivons, des remarques à répétition », regrette-t-elle, avant d'ajouter que c'est cela « être une femme », que l'on se trouve « à Strasbourg, ou partout en France ».
Pour illustrer ses propos, elle fait part des nombreuses expériences malheureuses qu'elle a vécues. « Un jour, un homme dans le tram m'a flanqué une énorme claque sur les fesses parce que je portais un legging. J'ai essayé de riposter, il s'est levé et m'a insulté de pute, de fille de pute », figure parmi les témoignages édifiants qu'elle rapporte. « Un soir, un jour, une matinée, en pleine nuit, je me suis pris une, deux, trois, quatre, 10 000 000 remarques. Des remarques, des gestes, des attouchements qui me font me sentir mal, qui me font me sentir sale, qui me dégoûtent d'être une femme, d'être moi », poursuit-elle.
Ces comportements caractérisés d'« outrages sexistes » pourront faire l'objet d'amendes allant de 90 à 750 euros à partir de cet automne, après l'adoption par le Parlement le 1er août d'une loi sur les violences sexuelles et sexistes.
Une autre victime de harcèlement, Marie Laguerre, a elle aussi partagé les images de son agression en juillet dernier sur les réseaux sociaux. Cette Parisienne de 22 ans s'est pris une violente gifle au visage en pleine rue par un harceleur tenace qui n'a pas apprécié que cette dernière lui réponde lorsqu'il l'approchait.
Parce que j'ai répondu à son harcèlement, un homme m'a frappée en pleine rue, en pleine journée, devant des dizaines de témoins. Inadmissible. Stop au harcèlement de rue. #noustoutes #metoo #balancetonporc #harcelementderue @MarleneSchiappa https://t.co/lV9AIKndlX
— Marie Laguerre (@may_lgr) 28 juillet 2018