Un député passe six heures incognito dans un service d'urgences et dénonce une situation « dramatique »

Un élu communiste du Nord s’est rendu, vendredi 28 juin, aux urgences de Douai afin de se rendre compte, par lui-même, de l’état des services. Son diagnostic est alarmant !

La grève des urgentistes bat son plein depuis maintenant plus de 3 mois et la question des conditions de travail des personnels hospitaliers ne cesse d’alimenter les débats politico-médiatiques.

Alors qu’une nouvelle journée d’action doit se dérouler ce mardi dans les rues de la capitale, les revendications des grévistes, qui réclament davantage de moyens, demeurent inchangées.

Ayant le sentiment de ne pas être entendus par les pouvoirs public, les syndicats regrettent en effet une certaine déconnexion de la classe politique, qui n’aurait pas conscience de la gravité de la situation.

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« On m’a indiqué 3h20 d’attente (…) J’ai finalement attendu six heures »

C’est en partant de ce postulat, dans l’idée de « suivre le parcours d’un patient "lambda" », que le député PCF du Nord, Alain Bruneel, a décidé de visiter un service d’urgence afin d’en avoir le cœur net et de se faire sa propre opinion.

Prétextant « des maux de ventre », ce dernier s’est donc rendu, incognito, aux urgences de l'hôpital de Douai et, à l’image de millions de Français au quotidien, a pu s’apercevoir des difficultés rencontrées par les personnels soignants.

Une expérience longue de 6 heures, qu’il a raconté à nos confrères de l’AFP : « À 21h30, lorsque je suis arrivé devant l’une des deux infirmières régulatrices (…), plus de 200 personnes, dont 59 enfants, étaient déjà passées dans la journée », a-t-il expliqué dans un premier temps.

« On a pris ma tension, ma température, j’ai passé un électrocardiogramme puis on m’a indiqué qu’il y avait 3h20 d’attente – hors urgences vitales – avant d’être ausculté par un médecin (…) J’ai finalement attendu six heures », a-t-il poursuivi.

« La situation est dramatique »

Contraint de prendre son mal en patience sur un brancard, l’élu communiste a pris le temps d’observer le fonctionnement du service et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a été sidéré par ce qu’il a vu, et notamment « le manque criant de moyens humains et matériels ».

« Le personnel fait tout ce qu’il peut, avec ce qu’il a (…) mais la situation est dramatique. Les brancards s’entassent, dans les couloirs (…) Il fait une chaleur énorme, le personnel ne peut ni nous donner à boire ni à manger car ils ne savent pas ce qu’on a (…) Des personnes âgées ont besoin d’aller aux toilettes, mais il n’y a pas assez de personnel », a-t-il ainsi raconté.

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« Le personnel, toujours en mouvement, n’arrête jamais » et « se retrouve à bout de souffle », a-t-il encore déploré, fustigeant par la même occasion le gouvernement qui, à ses yeux « n’a pas pris le pouls réel de cette situation dramatique ».

Et l’intéressé d’inviter la ministre de la Santé Agnès Buzyn à « passer une nuit aux urgences, sans caméra ni collaborateur », car cette expérience vaut « plus que tous les rapports écrits, passés et à venir », selon lui.

Son appel sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr !

Source : AFP
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Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.