Une bactérie “mangeuse de chair” virulente et contagieuse se propage au Japon

Au Japon, les autorités s'inquiètent considérablement de la propagation exponentielle d’une bactérie “mangeuse de chair”, mortelle dans un tiers des cas. Au point d’envisager une épidémie mondiale ?

Le scénario est désormais connu mais va-t-on le revivre bientôt à l’échelle mondiale ? Au regard de la vitesse de la propagation, cela se pourrait bien. Jusqu’à présent, c’est surtout le Japon qui se retrouve au coeur de cette épidémie incontrôlable à l’heure où les autorités sanitaires cherchent toujours à en identifier les causes.

En effet, une grande partie du pays est touchée par une hausse inédite des cas de syndrome de choc toxique streptococcique (SCTS), causé par des bactéries. Ces bactéries sont identifiées comme les streptocoques du groupe A (aussi appelés SGA ou streptocoques pyogènes).

Pourtant, cette maladie n’a rien de nouveau puisqu’elle a été signalée pour la première fois au Japon en 1992. Cependant, depuis 30 ans, on ne compte qu'entre 100 et 200 cas par an. Seulement voilà, en 2023, le nombre de cas a explosé avec 941 cas recensés par l’Institut national des maladies infectieuses (NIID). Et cette année, entre le 1er janvier et le 18 mars, on compte déjà 422 cas, ce qui laisse penser qu’un nombre record de contaminations sera atteint en 2024.

C’est donc cette explosion de contaminations qui inquiète naturellement les autorités, qui n’arrivent pas à expliquer comment elle a pu être possible. Le problème est d’autant plus préoccupant car le Japon a découvert, l’été dernier, un premier cas de SGA de la lignée M1UK, qui est une souche identifiée au Royaume-Uni, plus fréquente en Europe, et qui est plus virulente et plus transmissible.

Autre élément inquiétant : les personnes porteuses de SGA ne développent aucun symptôme, voire des symptômes bénins (mal de gorge, infection cutanée) et il est donc presque impossible de les prévenir.

Une bactérie mortelle dans 30% des cas

En revanche, le SCTS peut provoquer une nécrose des fascias, qui sont les tissus conjonctifs recouvrant les muscles, ce qui lui vaut ce surnom de bactérie “mangeuse de chair”. Pour traiter les personnes infectées, les autorités prescrivent des antibiotiques mais dans les cas les plus extrêmes, une ablation des tissus infectés est préconisée.

L’ultime danger du SCTS arrive quand la bactérie atteint la circulation sanguine, les muscles et les poumons. Dans ces cas-là, plus rares, elle peut entraîner une hypotension artérielle, une défaillance de plusieurs organes, voire le décès. En effet, environ un tiers des cas de SCTS sont mortels.

Cet aspect mortel agit inévitablement comme un compte à rebours pour les autorités sanitaires japonaises, toujours dans le flou quant à l’origine d’une telle propagation aussi soudaine.

Crédit photo : iStock

La première piste étudiée par les Japonais s’oriente naturellement vers la pandémie de Covid-19 qui a généré une hausse des maladies respiratoires : “Le statut immunologique des personnes remises du Covid-19 pourrait avoir modifié leur sensibilité à certains micro-organismes. Nous devons clarifier le cycle d’infection des maladies invasives graves à streptocoques pyogènes et les maîtriser immédiatement”, indique le Pr Ken Kikuchi, professeur de maladies infectieuses à l’Université de médecine des femmes de Tokyo, auprès du Guardian.

Au Japon, les restrictions liées au Covid-19 ont été abandonnées en mai 2023 même si la population est restée habituée à porter le masque. Cependant, le SGA se transmet de la même façon que le Covid-19, par aérosols et contact rapproché. Ainsi, les autorités japonaises appellent les habitants à adopter les mêmes habitudes d’hygiène comme se laver régulièrement les mains ou tousser dans son coude. Actuellement, 27 des 47 départements du pays ont été placés en alerte rouge.


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