Ce jeudi 3 octobre, la publication de la bande dessinée “Grégory” nous permet de découvrir une préface signée par son père Jean-Marie Villemin qui évoque cette sombre affaire pour la première fois depuis près de 20 ans.
Rarement une affaire judiciaire avait ému tout un pays. Le 16 octobre 1984, le corps de Grégory Villemin, âgé de quatre ans, est retrouvé dans une rivière des Vosges. Quarante ans après l’affaire, une bande dessinée intitulée “Grégory” vient d’être publiée, ce jeudi 3 octobre, aux éditions Les Arènes.
La préface de la bande dessinée a été signée par Jean-Marie Villemin, père du petit Grégory, qui s’exprime pour la première fois depuis 18 ans sur ce terrible drame. En plus de signer la préface, Jean-Marie Villemin est également le personnage principal de la bande dessinée.
Crédit photo : D.R.
Dans sa préface, il s’en prend notamment au traitement de l’affaire par la justice et les médias :
“Je me demande comment nous avons survécu. Nous étions perdu, au fond du gouffre, sans aucun soutien, ballottés par les événements et une justice erratique”
Selon lui, les enquêteurs, les magistrats et les journalistes qui se sont penchés sur le dossier à l’époque l’ont dévasté. Il dénonce les “manipulations” de certains journalistes “qui ont entraîné tant de retard dans la recherche de la vérité et tant de malheurs qui n’auraient jamais dû avoir lieu”.
La préface poignante de Jean-Marie Villemin
En outre, Jean-Marie Villemin revient sur sa culpabilité concernant le meurtre de son cousin Bernard Laroche, suspecté d’avoir tué Grégory. En mars 1985, le père du petit garçon tue Bernard Laroche avec un fusil :
“J’ai craqué, j’ai pris la vie de mon cousin, je resterai à jamais un assassin. Je le regrette tant”
Condamné à cinq ans de prison en 1993, il a appris à vivre avec sa culpabilité :
“La vengeance n’est pas une solution. Il faut vivre après avec ce poids-là. J’ai mûri, j’ai appris, je me suis apaisé et je sais le prix de la douleur et des larmes”
Il se confie aussi sur la douleur de ne toujours pas connaître l’identité du tueur de son fils, en évoquant ce fameux corbeau :
“Un corbeau dont nous ne connaissons toujours pas l’identité a tué notre fils de quatre ans pour me faire mourir de chagrin. Au nom de quoi ? Pour assouvir quelle haine ?”
Crédit photo : Capture d'écran X / Éditions Les Arènes
En signant la préface de cette bande dessinée qu’il qualifie de déchirante et impressionnante, Jean-Marie Villemin déclare vouloir “prendre les devants” des quarante ans de la mort de son fils. Il n’oublie pas alors de transmettre un message à Grégory :
"Je pense très fort, chaque jour, à notre petit homme, Grégory, qui nous donne la force de vivre sans lui, de vivre en dehors de la haine, sans rancœur, de vivre heureux et de vivre pour sa mémoire. Pour toujours avec lui".
Pour rappel, la bande dessinée “Grégory” est désormais disponible aux éditions Les Arènes.