Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a adressé, mardi 12 mars, une note à tous les préfets autorisant l'installation d'un éthylotest anti-démarrage (EAD) en alternative à une suspension de permis pour certains cas de conduite en état d'alcoolémie.
L’éthylotest anti-démarrage empêche le véhicule de rouler lorsque le taux d'alcool du conducteur est positif. Il a déjà été testé dans sept départements : la Drôme, le Finistère, le Loiret, la Réunion, la Manche, la Vendée et le Nord et son effet a été positif concernant la sécurité routière. Dans le Finistère, 400 arrêtés de ce type ont été pris par le préfet et cinq centres ont été agréés pour l'installation des EAD.
Il vient d’être généralisé dans toute la France. « C'est un dispositif qui devrait être de série sur tous les véhicules », estime sur France Info, Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention Routière. Le gouvernement entend par cette mesure responsabiliser les conducteurs et leur permettre de conserver leur activité professionnelle tout en garantissant la sécurité des autres usagers de la route.
Cet éthylotest anti-démarrage concernera les conducteurs non récidivistes, arrêtés avec un taux d'alcoolémie compris entre 0,8 et 1,8 gramme d'alcool par litre de sang. « Ce dispositif est responsabilisant et exemplaire, ce qui lui confère son efficacité, amplement démontrée à l'étranger », a souligné la Sécurité routière. Cette nouvelle mesure vise à permettre au contrevenant de garder son activité professionnelle, en conservant le droit de conduire, sous conditions, pour se rendre à son travail ou pour l'exercer.
Le contrevenant devra quand même comparaître devant le tribunal correctionnel. Le juge décidera de prolonger la durée de l'éthylotest anti-démarrage installé sur le véhicule : entre six mois et cinq ans selon les cas. Le tribunal pourra aussi moduler l'amende, 4500 euros maximum, car l'installation du dispositif sera à la charge du conducteur. L'achat de l'appareil coûte 1300 euros environ, sa location 100 euros par mois auxquels il faut ajouter le prix du montage et du démontage.
« Notre association a mené une expérimentation sur plusieurs années en Haute-Savoie, sur l'installation d'éthylotests anti-démarrage pour des récidivistes à l'alcool, avec suivi psychologique et médical. On a un taux de récidive qui diminue considérablement avec l'installation d'éthylotests anti-démarrage», relève sur France Info, Anne Lavaud.
En 2017, 1035 personnes ont perdu la vie dans un accident de la route impliquant un conducteur au-dessus des seuils autorisés. L'alcoolémie représentait 20,8% des délits routiers. « Responsabiliser, c'est agir sur les comportements. Et c'est en agissant sur les comportements qu'on fait baisser la mortalité », conclut la déléguée de l’association Prévention Routière.