En plus d'être à la source de sérieux dégâts sur la santé et sur l’environnement, la culture des palmiers à palme engendre également la mort de multiples espèces… dont l’Homme.
En effet, dans la matinée du samedi 16 septembre dernier, 6 fermiers ont été retrouvés sans vie, gisant dans un ruisseau dans la région du Ucayali, au Pérou.
Selon les témoignages des dirigeants locaux recueillis par The Guardian, les victimes auraient été abattues par un gang de criminels qui souhaitait s’emparer de leurs terres. Un témoin affirme qu'ils étaient une quarantaine d’agresseurs cagoulés et armés.
Le rapport de police indique qu’au moins une des victimes a été découverte pieds et mains liés et la plupart avec un coup de fusil au cou avant d’être jetés à l’eau.
Les fermiers, tous membres de l’Association agricole Bello Paraíso, travaillaient pour la protection des forêts et la préservation de l’agriculture locale menacée par les intérêts privés des entreprises de l’agrobusiness et des marques qui s’y approvisionnent.
D’après Robert Guimaraes, président de la fédération indigène locale contacté par The Guardian, ce n’est pas la première fois que ces agriculteurs reçoivent des menaces de mort du même gang de trafiquants de terres. Selon lui « ces paysans ont payé le prix de l'inaction de l'État et des autorités locales dans la lutte contre le trafic terrestre ».
Robert Guimaraes n’hésite pas à accuser le gouvernement en place de distribuer des titres de propriétés falsifiés à certains gangs, qui sont chargés de les revendre aux entreprises avides d’encore plus de terres.
Et il n’est pas le seul à le penser. Jose Luis Guzmán, procureur de l’environnement dans la région amazonienne, a lui-même proclamé que « tout indique que des gens du gouvernement régional sont impliqués dans la traite des terres ».
CEphoto, Uwe Aranas Conteneurs d'huile de palme en Malaisie
L’ONG Friends of the Earth considère elle aussi que « ces meurtres ont eu lieu dans le cadre d’une campagne pour évincer les fermiers locaux et les communautés locales de leurs terres ancestrales contre leur volonté, dans l’objectif d’y installer des plantations de palmiers à huile ».
L’Agence d’Investigation Environnementale, confrontée au cas du Pérou, dit également avoir découvert « le chaos, les abus, les violations des droits des communautés autochtones et locales ainsi que les violations des lois environnementales et forestières ».
M.Edliadi
Indéniablement, le problème ne pourra pas être résolu tant que les criminels jouiront d’une grande impunité et que les États respectifs n’interviennent pas de manière efficace et systématique contre les actes de violence.
Mais malheureusement cette situation n’est pas propre au Pérou. De l’Indonésie à la Papouasie Nouvelle Guinée en passant par la Malaisie, entre 1990 et 2010, 3,5 millions d’hectares de forêt ont été rasés pour faire place à des plantations de palmiers à huile.
Swidran Carte de la production mondiale d'huile de palme en 2013
Massacres des orangs-outans et des éléphants, anéantissement des tribus indigènes, troubles de la santé, incendies, augmentation de gaz à effet de serre, exploitation d'enfants…Et aujourd’hui, 6 agriculteurs assassinés dans la course infernale à l’huile de palme.
Leurs noms, Jorge Calderón Campos, Elías Gamonal Mozimbite, Feliciano Córdova Abad, Edil Córdova López, Alcides Córdova López et Orlando Burillo Mendoza, s’ajoutent à la longue liste des personnes mortes pour défendre leurs terres et leurs droits.