Le mariage gay et l’avortement ont été légalisés ce lundi en Irlande du Nord, à la faveur d'une crise politique qui paralyse l'exécutif local. Précisions.
Le mariage gay et l’avortement ont été légalisés en Irlande du Nord. Ce choix intervient dans un contexte politique local particulier qui a favorisé cette décision, pourtant loin de faire l’unanimité dans un État profondément conservateur et ancré dans la culture chrétienne.
Une décision prise par les représentants qui siègent à Londres
La décision de libéraliser l’avortement et d’ouvrir le mariage aux personnes de même sexe a en effet été actée au Parlement de Westminster et non pas en Irlande du Nord, car c’est au cœur de l'hémicycle londonien que les affaires courantes de la nation nord-irlandaise sont gérées, depuis plus de deux ans.
Ce transfert de compétences fait suite au scandale du « cash for ash » qui a secoué le microcosme politique nord-irlandais en janvier 2017, entraînant la chute de son pouvoir exécutif, sur fond d’accusations de corruption et de favoritisme.
Depuis lors et au regard de l'échec des négociations entre les deux principaux partis politiques (le DUP et le Sinn Féin) - qui doivent obligatoirement siéger ensemble à l'assemblée semi-autonome de Belfast, comme le prévoit l'accord de paix du vendredi saint, signé en 1998 -, la politique locale est dans l'impasse et la gestion s'opère directement dans la capitale du Royaume, à Londres.
Une situation de paralysie qui avait permis aux députés de Westminster de voter en juillet dernier ces deux amendements symboliques, concernant le mariage gay et l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Toutefois, leur mise en application pouvait encore être contestée par les élus nord-irlandais qui s'y opposent, à condition que Belfast parvienne à former un gouvernement avant ce lundi.
Mais devant l’incapacité des parlementaires locaux à respecter cet ultimatum, les deux mesures sont donc entrées en vigueur automatiquement, dès minuit.
Dernière nation du Royaume-Uni à franchir le pas
À l’inverse des autres nations constitutives du Royaume-Uni (Angleterre, Écosse et Pays de Galles), dans lesquelles la pratique est légale depuis 1967, l’avortement était jusqu’alors interdit en Irlande du Nord, sauf en cas de menace vitale pour la mère.
Quant au mariage pour les couples de même sexe, il était également autorisé partout ailleurs dans le Royaume, l’Écosse étant la dernière nation à l’avoir adopté en févier 2014.
Les députés nord-irlandais opposés aux amendements n’ont pas tardé à se manifester, en se réunissant symboliquement lundi en début d’après-midi, au sein du parlement local de Belfast, pour de nouveau débattre de la loi adoptée à Londres.
En vain, puisque sans accord entre les différents groupes, un nouveau gouvernement ne peut être formé.