Organisée par la Fondation Abbé-Pierre, la première cérémonie satirique « Les Pics d'or » s’est tenue ce mercredi 13 février, au Studio 28 à Paris, et a récompensé les pires installations de mobilier anti-SDF. L’objectif est de réveiller les consciences sur « ces pratiques inhumaines ».
Entre les grilles, les picots, les rochers, les poteaux, les bancs, les sièges inconfortables, les grillages, les douches, il faut dire que les politiques urbaines ne manquent pas d’imagination. « L’objectif de ces dispositifs, mis en place par les municipalités, les architectes, les urbanistes, est d’éloigner les SDF des centres villes, de les rendre invisibles ou de les criminaliser, de manière plus ou moins insidieuse », rappelle Christophe Robert, délégué général de la Fondation, au journal Le Monde.
Les humoristes Guillaume Meurice et Blanche Gardin, ainsi que Christophe Robert et Christian Page, un sans-abri célèbre opposé aux dispositifs anti-SDF, ont décerné les « Pics d’or » à six lauréats, absents lors de la cérémonie. Dans la catégorie « Fallait oser », le Pic du dispositif le plus décomplexé a été attribué à la ville de Biarritz pour sa « Place unique » où un siège individuel a été installé sous un abribus, empêchant à quiconque de s’allonger.
Dans la catégorie « Le clou », une installation parisienne du 2e arrondissement remporte le Pic du dispositif le plus agressif. Des clous dissuasifs ont été implantés sur une surélévation en marbre pour éviter que les sans-abris y dorment.
Dans la catégorie « Faites ce que je dis pas ce que je fais », le Pic du dispositif le plus contradictoire a été décerné à un centre médical du 10e arrondissement de Paris, où des vagues en fer ont été installées sous l'inscription « ouvert à tous ».
Dans la catégorie « Ni vu ni connu », Christian Page, a remis le prix du dispositif « le plus fourbe », où une jardinière de 200 kg avec des crémaillères devant, est apparue là où il avait l’habitude de dormir. L’arrêté anti-mendicité de Besançon a aussi reçu son « Pic d’or » dans la catégorie « Bouge de là ».
Avec cette remise de prix, la Fondation Abbé-Pierre dénonce les politiques urbaines qui consistent à éloigner ou à rendre invisibles les sans-abri. Elle souhaite faire « prendre conscience du réel but de ces installations, qui sont des faits d’hostilité urbaine à l’égard des personnes sans domicile », explique Christophe Robert.
#FRATERNITÉ #SOYONSHUMAINS
— FondationAbbéPierre (@Abbe_Pierre) 7 février 2019
L'année dernière, nous les avons dénoncés. Cette année nous allons les récompenser ! Le 13/02, la Fondation @Abbe_Pierre organise la 1re cérémonie des #PICSDOR2019 et va distinguer les pires dispositifs anti-#SDF https://t.co/VhgWwU2RVV pic.twitter.com/zkxUgcS8jn
Cette cérémonie intervient un an après l'action #SoyonsHumains, lancée par la fondation, qui avait permis de répertorier plus de 300 équipements pour empêcher les quelques 150 000 SDF recensés en France de s’installer. « Il ne faut pas faire la guerre aux pauvres, mais à la pauvreté », a plaidé Christophe Robert. Ajoutant : « nous voulons montrer l'absurdité de ces installations où de grandes sommes d'argent sont dépensées pour chasser ces personnes au lieu de chercher des solutions de logements ».