Les chasseurs pourront bientôt traquer et tuer les sangliers 10 mois dans l'année. Explications.
Le gouvernement s’apprête à faire un décret autorisant l’ouverture de la chasse aux sangliers dès le mois de juin, ce qui va considérablement allonger la période actuellement en vigueur.
La raison officielle invoquée est la limitation des dégâts que peut provoquer le grand gibier. Une perspective qui n’enchante guère les associations de défense des animaux, lesquelles dénoncent ce qu’ils considèrent être un permis de tuer quasi-permanent.
Loin de faire l’unanimité, cette éventuelle extension a fait l’objet d’une consultation publique qui a pris fin ce mardi 3 mars.
L’un des enjeux de cette table ronde était notamment la question des indemnisations versées par la Fédération des chasseurs aux agriculteurs dont les installations ont été endommagées par des sangliers. Des indemnités qui ont coûté la bagatelle de 30 millions d’euros en 2017.
Il faut savoir que le secteur agricole reproche en effet aux chasseurs d’avoir favorisé pendant des années la prolifération de ce gibier qu’ils affectionnent, mais qui aujourd’hui décime certaines exploitations en piétinant les récoltes.
C’est donc en partie pour répondre à cette problématique que ce décret a été décidé par le gouvernement. C’est du moins l’argument avancé par ce dernier.
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« La France chasse le plus grand nombre d’espèces et veut être championne de la biodiversité ! Il y a un problème »
Cette mesure aura pour principal effet d’autoriser la chasse aux sangliers dès le mois de juin. À titre de comparaison, elle s’ouvre à l’heure actuelle aux alentours de fin août et début septembre, en fonction des départements.
Or, dans la mesure où sa date de clôture intervient d’ordinaire fin mars, les chasseurs pourront, avec ce décret, traquer le gibier à leur guise 10 mois sur 12.
Une situation que déplore la Ligue de protection des oiseaux, laquelle dénonce les possibles conséquences d’une présence presque permanente des chasseurs sur des sentiers de balades.
« Évidemment qu’il y a un risque de tension. On a de plus en plus de gens qui témoignent, qui nous disent qu’il y a des problèmes parce qu’on leur a interdit l’accès à un chemin », explique ainsi Yves Verilhac, directeur général de l’association.
« La France est le pays qui chasse le plus grand nombre d’espèces sur la plus grande période dans l’année. Et on veut être les champions de la biodiversité ! Il y a un problème », peste-t-il encore.
De leur côté, les chasseurs se veulent rassurants en rappelant qu’ils ne prendront pas tous leur fusil dès l’ouverture en juin et qu’il existait déjà des dérogations similaires par le passé.
Pas sûr néanmoins que cela soit suffisant pour apaiser la colère des défenseurs de la cause animale.