Six mois après le tollé suscité par les propos anti-IVG de son président, le Syndicat national des gynécologues-obstétriciens (Syngof) est, de nouveau, sous le feu des critiques, en menaçant « d’arrêter la pratique des IVG » si la ministre de la Santé ne le reçoit pas.
Mardi 12 mars, le Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof) a transmis un message à ses 1600 adhérents les appelant à se tenir prêt à arrêter de pratiquer les interruptions volontaires de grossesse. « Préparez-vous donc à ce que le syndicat vous donne l'ordre d'arrêter les IVG si la ministre de la Santé refuse de nous recevoir », indique le mail, diffusé sur les réseaux sociaux.
Le syndicat confirme l'authenticité de ce message et assume la démarche employée, rappelle France Info. « Si on ne fait pas des menaces qui inquiètent la société, nous ne sommes pas entendus », explique le docteur Jean Marty, ancien président du Syngof. Pour ajouter : « Je n'ai personnellement aucun problème avec l'IVG, c'est notre activité. Je souhaite que la menace ne s'applique pas, mais s'il n'y a rien dans la loi, on le fera ».
@agnesbuzyn @MarleneSchiappa
— Ann (@Marianntoinette) 12 mars 2019
Délit d'entrave à l'IVG, menace de chantage envisagé et planifié ce jour-même par le 1er syndicat des gynécologues-obstétriciens
Faites tourner, mobilisez-vous pour détruire ce syndicat hostile dont les femmes sont la dernière des préoccupations pic.twitter.com/rA94b2JD7i
Le Syngof réclame que le fonds de garantie de la profession couvre les sinistres déclarés entre 2002 et 2012, ce qui n'est actuellement pas le cas, selon leurs affirmations. Dans ce cadre, le syndicat a proposé un amendement au projet de loi Santé portée par la ministre de la santé Agnès Buzyn et actuellement en discussion à l'Assemblée nationale.
Dans un communiqué, la ministre de la santé a dénoncé « le caractère inadmissible de ces menaces qui vont à l'encontre du respect inconditionnel du droit à l'IVG garanti dans notre pays ». Le Conseil national de l’Ordre des médecins condamne lui aussi « fermement » cette menace. « Cela serait un acte inexplicable et injustifiable, aux conséquences potentiellement dramatiques ».
Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et hommes, a pour sa part pointé « un chantage inacceptable », rappelant que « partout dans le monde les droits des femmes sont menacés, parfois par des gouvernements, parfois par des groupes d’intérêt, des ONG, des syndicats ».
En septembre 2018, le président du Syngof, Bertrand de Rochambeau, avait déjà défrayé la chronique sur la question de l’IVG. Interrogé par une journaliste de l’émission Quotidien, le docteur avait indiqué qu’il s’opposait à la pratique de l’IVG, rappelant que « nous ne sommes pas là pour retirer des vies », un discours contradictoire pour celui qui est censé représenter la profession des gynécologues et obstétriciens.
« Nous ne sommes pas là pour retirer des vies. »
— Quotidien (@Qofficiel) 11 septembre 2018
Le docteur Bertrand De Rochambeau est président du syndicat des gynécologues et il refuse de pratiquer des IVG. Il a accepté de répondre à @valentineoberti.#Quotidien pic.twitter.com/hXu78bEDEi
À la suite de l’intervention de son président, le Syngof s’opposait à ses propos, et assurait qu’il « ne remet nullement en cause l'IVG, nombre de gynécologues au sein du Syngof pratiquent les IVG ».