Figure de la lutte pour la légalisation de l’euthanasie en France, Marie Humbert s’est éteinte ce week-end, dans la nuit de samedi à dimanche, à l'âge de 63 ans, des suites d’une maladie pulmonaire dans une clinique d'Évreux.
Elle s’était fait connaître du grand public en 2003, en se positionnant naturellement en tant que porte-parole des souffrances que traversait son fils Vincent Humbert. Ce dernier, suite à un grave accident de la route et six mois de coma en 2000, était devenu tétraplégique, aveugle et muet, et demanda à sa mère de l’aider à mourir.
Trois ans après l’accident de son fils, elle lui avait administré une importante dose de barbituriques tandis que le docteur Frédéric Chaussoy, membre du service de réanimation de l’hôpital de Berck, décide d’abréger les souffrances de Vincent Humbert.
À l’époque, Marie Humbert et le médecin sont alors mis en examen pour « empoisonnement avec préméditation » et « administration de substance toxique ». Deux ans et demi plus tard, l’affaire est classée en non-lieu général, notamment parce que celle-ci a relancé un débat délicat sur la fin de vie et le droit de mourir dignement.
Jacques Demarthon / AFP
Ce débat débouchera sur la loi Léonetti en 2005, qui encadre en partie l’accompagnement d’un patient en fin de vie. Si elle ne légalise pas l’euthanasie, la loi garantit la lutte contre l’acharnement thérapeutique et pour la dispense de soins palliatifs.
Depuis l’annonce de sa mort, de nombreux hommages ont fleuri sur la toile, comme celui de Brigitte Bourguinon, députée du Pas-de-Calais et amie proche de Marie Humbert : « C’était une mère courage et une femme aimante ».
De son côté, le journaliste Frédéric Veille, auteur du livre posthume de Vincent Humbert intitulé « Je vous demande le droit de mourir » a salué le courage d’une femme « qui n’a jamais cessé de porter son combat », en précisant qu’elle « a beaucoup souffert de la récupération politique qui a été faite de sa lutte pour l’euthanasie ».
« Elle était meurtrie par les promesses non tenues que certains politiques lui ont faites. Elle était la figure d’un combat. Beaucoup de gens se sont rapprochés d’elle. Sauf que sur la fin de sa vie, elle était seule, touchait le RSA et il n’y avait plus grand monde pour lui tendre la main quand elle criait au secours » ajoute-t-il.
Aujourd’hui, l’euthanasie n’est toujours pas légalisée en France.