Son idée était tout simplement de mettre en place des filets géants qui puissent récupérer le plastique, en utilisant à son avantage les courants marins qui concentrent cette pollution en la faisant converger dans certaines zones de l'océan (les gyres océaniques) et qui conduisent ainsi à la formation de ces « continents de plastique » — dont le plus gros fait six fois la taille de la France métropolitaine.
Le projet, baptisé «The Ocean Cleanup », consiste essentiellement en une structure géante de boudins en forme de V, supportant des filets qui piègent le plastique et le regroupe, facilitant ainsi le nettoyage. Les filets sont conçus de manière à bloquer le plastique, sans pour autant porter atteinte à la vie marine.
Crédits : The Ocean Cleanup Project
En juin 2016, Ocean Cleanup était passé de la phase de simple projet à la première application concrète, avec un tout premier prototype expérimental, qui avait pour but de confronter les idées écrites sur le papier à la réalité du terrain. Pour cela, l'équipe avait choisi la mer du Nord pour ses conditions extrêmes qui permettraient de tester la solidité de l'ensemble.
Déployée à 23 kilomètres des côtes néerlandaises, cette première barrière test ne mesurait qu'une petite centaine de mètres, bien loin de la structure de deux fois cinquante kilomètres initialement prévue !
Et pour cause, le but de cette réalisation miniature n'était pas (encore) de nettoyer la mer du plastique, mais surtout de vérifier la résistance de l'ensemble en conditions réelles.
Crédits : The Ocean Cleanup Project
Eh bien aujourd'hui, nous avons encore de bonnes nouvelles à vous annoncer par rapport à ce projet d'envergure, que de plus en plus de personnes suivent de très près. En effet, alors que le lancement à grande échelle était prévu en 2020, le jeune inventeur Boyan Slat vient tout juste d'annoncer que la concrétisation se ferait plus tôt que prévu : l'année prochaine, plus précisément mi-2018 !
La première installation sera pour la grande plaque de l'Océan Pacifique, mais Ocean Cleanup veut mettre graduellement d'autres systèmes en place pour que toutes les zones du globe où se concentrent la majorité des déchets soient à terme pourvues d'un système de nettoyage. L'organisation estime qu'un seul de ces systèmes pourrait nettoyer 3 tonnes de plastique par semaine en moyenne !
Plus de filet géant, mais une multitude de petits filets mobiles et autonomes
Si le projet est lancé plus tôt que prévu, c'est aussi parce qu'il y a eu un changement majeur au niveau de la technique employée. En effet, à force de tester et d'expérimenter la faisabilité d'Ocean Cleanup, les chercheurs se sont rendu compte qu’au lieu de fabriquer une seule giga-structure de 100 kilomètres comme c'était initialement prévu, il serait bien plus efficace de mettre en place un système d'une cinquantaine de petits filets d'un ou deux kilomètres chacun. Non seulement ce serait plus simple et moins coûteux à mettre en place, mais cela fonctionnerait mieux, selon le jeune créateur du projet, désormais âgé de 22 ans.
Dans une conférence présentant l'évolution de son projet, Boyan Slat a en effet expliqué que c'était une meilleure compréhension des mouvements du plastique qui avait conduit à ce changement majeur : « Pour attraper le plastique, il faut agir comme le plastique », a-t-il ainsi expliqué.
Crédits : The Ocean Cleanup Project
Autre innovation majeure par rapport au projet de base : les filets ne seront plus attachés à un point fixe sur le fond marin, mais ils seront pourvus d'une ancre flottante afin de pouvoir suivre les courants marins et dériver avec le plastique, à une vitesse légèrement plus lente pour pouvoir le recueillir.
Ces filets dérivants pourront donc concentrer plus de plastique par rapport aux filets fixes, qui risqueraient de «déborder» au bout d'un moment. De même, à l'instar du roseau de La Fontaine qui plie mais ne se rompt pas, ce nouveau système n'aurait plus à craindre les tempêtes qui risqueraient d'arracher l'attache ou bien de casser le câble d'amarre.
Crédits : The Ocean Cleanup Project
Avec le déploiement de ce système, The Ocean Cleanup calcule qu'il serait en mesure de nettoyer 50 % de la grande plaque de déchets du Pacifique d’ici cinq ans. À terme, le projet vise l'élimination totale de tous les « continents de plastique » de la planète en généralisant la méthode à tous les endroits du globe.
On a hâte de voir le résultat !
Vous pouvez faire un don à The Ocean Cleanup Project directement sur la plate-forme prévue à cet effet, ou partager cet article afin de faire connaître ce projet génial autour de vous.