« On ne meurt pas bien en France » : 156 députés signent une tribune pour mieux encadrer les droits et la liberté de mourir

Depuis des années, le débat sur l'euthanasie persiste, avec parfois des zones d'ombre et des questions en suspens. L'euthanasie est un débat qui souvent divise et qui pose des questions prépondérantes à ce que nous voulons pour notre vie ou plutôt notre fin de vie. En ce sens, 156 députés ont signé une tribune dans Le Monde, ce mercredi, afin de faire à nouveau changer les choses.

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En 2005, l'euthanasie active est toujours interdite. Mais la loi du 22 avril 2005, plus communément appelée loi Leonetti, génère le « droit de mourir ». Le texte autorise donc l'application d'un traitement anti-douleur, qui pourra avoir comme effet d'abréger la vie mais qui ne provoque pas la mort. Évidemment, ce traitement anti-douleur se fait à l'aide de l'avis d'un corps médical et avec le consentement des proches.

En 2012, le débat est au cœur des discussions et une étude BVA révèle que 89% des Français sont favorables à une législation qui permettrait le suicide médicalement assisté. En février 2016, la loi Leonetti est prolongée. De nouveaux droits pour les personnes en fin de vie voient le jour. En effet, ils se voient avoir la possibilité d'accéder à une « sédation profonde et continue » et ce jusqu'au décès.

Depuis, d'autres questions continuent d'agiter les consciences. Des questions qu'ont soulevé les 156 signataires qui réclament le droit à un meilleur encadrement pour mieux mourir. Car selon eux, « on ne meurt pas bien en France ». Pour la majeure partie, les signataires sont issus de la République en Marche! et prônent « la libre disposition de leur (malades en fin de vie) corps » car leurs souffrances seraient « accentuées par l’impossibilité pour chacun de 'choisir sa fin de vie' ».

Les parlementaires déplorent le manque d'innovation depuis la prolongation de la loi Leonetti : « Il s’est surtout agi de transcrire dans la loi ce qui était déjà acquis par voie réglementaire. Le problème actuel est qu’il manque – et c’est crucial ! – une liberté, un droit au choix » et de marteler que « quand une lacune est identifiée, elle doit être comblée sans délai. »

Recourir à l'euthanasie quitte à être dans l'illégalité

Les députés soulèvent dans leur tribune le problème des interventions à l'étranger pour pouvoir bénéficier d'une euthanasie. À titre d'exemple, Anne Bert, atteinte de la maladie de Charcot, s'était rendue en Belgique, où l'euthanasie est autorisée pour mettre fin à ses jours. Elle avait à l'époque, en 2017, 59 ans et avait déclaré : « En accord avec ma famille, j'ai décidé de devancer l'horreur. »

Les signataires évoquent « de nombreux Français au stade avancé d’une maladie incurable [qui] vont aussi chercher – et obtenir – la délivrance dans l’un ou l’autre des pays ayant déjà légiféré sur cette possibilité (Belgique, Suisse, Pays-Bas, Luxembourg, Canada, plusieurs États américains, etc.) ». Un fléau qui pourrait certainement être évité si l'euthanasie active était autorisée.

Une pétition signée par 260 000 personnes

Les Français se sont exprimés. En effet, une pétition qui réclame le droit au suicide assisté a été signée par plus 260 000 personnes. « Il faut, avec des critères stricts, autoriser le suicide assisté et l'euthanasie avec l'assistance de membres du corps médical et sous réserve que ceux-ci acceptent de pratiquer cet acte », intime la pétition.

Les signataires de la pétition évoquent les soins palliatifs et l'accès à la sédation profonde et continue qui « ne prennent pas totalement en compte de nombreux cas de personnes atteintes de maladies graves et terminales, qui ne peuvent plus être entièrement soulagées de cette manière ou qui ne veulent pas prolonger leurs souffrances physiques ou psychiques au-delà d'une certaine limite, notamment les personnes atteintes de maladies neurodégénératives ».

Qui décide ?

L'inquiétude première réside néanmoins dans une démocratie dans laquelle, selon Jean Leonetti, « on ne donne pas la mort ». Alors, qui est à même de donner à la mort à une personne gravement malade ? Pour la ministre de la Santé Agnès Buzyn, c'est une question très épineuse : « À partir de quand décide-t-on effectivement qu'une personne est suffisamment malade pour décider qu'on abrège sa vie à un moment X ? C'est très difficile ».

Exprimer son désir d'abréger ses souffrances ne pourrait donc, pour le moment, ne pas suffire à accéder à sa requête. Les 156 parlementaires y travaillent. Pour Yves Jego, député Seine-et-Marne, « si 40% du groupe majoritaire n'arrivent pas à faire inscrire un projet de loi à l'ordre du jour, cela voudrait dire que le Parlement ne sert à rien. Qu'on ouvre ce débat et que le Parlement prenne ses responsabilités. Moi, je dis à mes amis de La République En Marche, un peu de courage ! » confiait-il au micro de RTL.

Source : Le Monde
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