Une augmentation de 10% de la consommation d'« aliments ultra-transformés » (AUT) entraînerait en moyenne une hausse de 12% du risque de développer une tumeur cancéreuse, selon une vaste étude récemment publiée dans la revue médicale britannique British Medical Journal. De plus en plus consommés, les plats industriels prennent sans cesse plus de place dans les rayons des supermarchés. Mais, même s'ils peuvent sembler pratiques, il ne faut pas en abuser...
Produits alimentaires / Shutterstock
Des plats surgelés ou en barquette, des pizzas à réchauffer au four, des soupes de nouilles instantanées... mais aussi des viandes diversement transformées, des jambons, des boulettes ou des nuggets gorgés d'additifs, des sucreries ou des boissons « chimiques ».
Les aliments dits « ultra-transformés », ou AUT, sont aujourd'hui dans le collimateur d'une nouvelle étude réalisée par des chercheurs français, de l’Inserm, mais aussi de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) ainsi que de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN) de l’université Paris-XIII.
Publiée ce jeudi 15 janvier dans la revue médicale britannique British Medical Journal, co-financée par l'Inserm (l'Institut national de la santé et de la recherche médicale), ainsi que d'autres institutions publiques françaises, l'étude NutriNet-Santé a passé au crible les habitudes alimentaires ainsi que l'évolution de santé de 105 000 personnes en France, de 2009 à 2017. Pendant 8 ans, les participants ont dû périodiquement remplir des questionnaires en ligne, permettant d'informer les chercheurs sur ce qu'ils mangeaient.
Plats préparés dans des boîtes en plastique / Shutterstock
Et les résultats sont là : les AUT augmenteraient, selon les résultats des chercheurs, de 6 à 18% les risques de développer un cancer, et en particulier un cancer du sein, dont la hausse des risques peut grimper jusqu'à 22%. Au total, sur l'ensemble de la population analysée, les analystes ont dénombré 2 228 cas de cancer, dont 108 mortels. Parmi tous ces cas de cancer, 739 d'entre eux ( 33%) étaient des cancers du sein.
« Le lien de cause à effet reste à démontrer », a précisé jeudi l'Inserm. En tout cas, il existe indiscutablement un lien de corrélation assez fort, que les chercheurs essayent aujourd'hui d'expliquer. Selon leurs hypothèses, les coupables pourraient se trouver parmi « la vaste gamme d'additifs » présents dans ces produits. La raison de cette hausse du risque de cancer « la qualité nutritionnelle généralement plus faible » de ces aliments souvent saturés en graisses, en sucre ou en sel, qui pourrait endommager la santé par une consommation trop régulière.
Enfin, dernière piste possible à explorer : les emballages et autres films plastiques : « La transformation des aliments, et en particulier leur cuisson, produit des contaminants nouvellement formés », alertent les chercheurs. Les emballages plastiques peuvent ainsi notamment contenir du bisphénol A, un perturbateur endocrinien, qui pourrait se mêler à l'aliment et être ainsi ingéré par le consommateur.
Produits industrialisés, image vectorielle / Shutterstock
Des travaux avaient déjà démontré que les AUT pouvaient contribuer à augmenter le risque de troubles cardio-métaboliques, d’obésité, la dyslipidémie, ainsi que l'hypertension. Mais c'est la première fois qu'une étude met en évidence un possible lien avec l'apparition de cancers.
Reste qu'il faudra sans doute réaliser de nouvelles études pour tenter de confirmer les premières pistes levées par les chercheurs. Comme l'explique d'ailleurs le British Medical Journal dans son éditorial, l'étude ne fait que défricher le terrain, et jette des bases sur un sujet qui « mérite une exploration attentive et plus poussée ».
Comme l'explique la revue, il est possible que les résultats de l'étude aient été biaisés par des facteurs sociétaux. Ainsi, « le tabagisme et une activité physique faible » sont sans doute aussi « bien plus répandus chez les participants qui consommaient une plus grande proportion d'aliments ultratransformés »