Le gouvernement somalien a décrété une urgence nationale pour faire face à l’invasion de criquets pèlerins qui balaye la Corne de l’Afrique de l’Ouest depuis quelques semaines maintenant. La décision a été prise suite à « la recrudescence actuelle des criquets pèlerins, qui constituent une menace majeure pour la fragile situation de la sécurité alimentaire en Somalie », a indiqué dans un communiqué le ministre de l’Agriculture.
La Somalie ne compte pas se laisser faire face aux invasions de criquets pèlerins. Elle est le premier pays de la région à se mobiliser pour lutter contre les milliards de criquets affamés qui ont envahi la partie Est africaine du continent. Selon des experts, l’apparition de ces insectes est liée aux variations climatiques extrêmes.
Crédit photo: FAO / Yasuyoshi Chiba
Ce sont des essaims de criquets d’un nombre historique qui menacent actuellement l’approvisionnement alimentaire des pays de l’Afrique de l’Est dont la Somalie. Cette dernière est l’une des régions les plus pauvres et les plus vulnérables du monde, et a déjà été frappée par une sécheresse et des inondations.
Le ministère de l'Agriculture du pays a annoncé que les insectes, qui consomment de grandes quantités de végétation, menaçaient « les sources de nourriture pour les personnes et leur bétail » en s’attaquant aux cultures et au fourrage.
Le gouvernement somalien a pris la décision de « décréter l’urgence nationale » pour concentrer ses efforts et collecter des fonds afin de contenir les importants essaims de criquets avant la période des récoltes en avril.
Un seul essaim contiendrait des centaines de milliers de criquets et chacun dévore chaque jour l’équivalent de son propre poids (deux grammes), ce qui fait un total de 400 000 tonnes de nourriture. Les criquets, que l'on estime à environ 200 milliards au total, sont capables de parcourir 150 kilomètres par jour et de ravager les moyens d’existence des populations rurales dans leur course effrénée pour se nourrir et se reproduire.
L’Éthiopie et la Somalie n’avaient pas vu d’essaims de criquets pèlerins d’une telle ampleur depuis vingt-cinq ans, et le Kenya n’avait pas eu à affronter de menace acridienne aussi grave depuis 70 ans, indique la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture).
L’ONU, qui a qualifié cette invasion de criquets d’une « ampleur et d’une capacité destructrice jamais vues », a évalué à 70 millions de dollars (63,44millions d’euros) la somme nécessaire pour lancer une campagne transfrontalière afin de combattre ces invasions et éviter sa propagation.