Le 29 février dernier, un documentaire passionnant a été mis en ligne sur Youtube : Dogs of Chernobyl. Réalisé par deux Français, la youtubeuse Léa Camilleri et le réalisateur Hugo Chesnel, le documentaire s’attarde sur les grands oubliés de la catastrophe nucléaire de 1986, les chiens. Là-bas, les canidés vivent en meute.
Chiens abandonnés à Tchernobyl. Crédit : Michael Repenning/ Shutterstock.
En 1986, suite à l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, les villes et villages avoisinants ont été évacués. Partis dans la précipitation, les habitants, encadrés par l’armée, n’ont pu emmener le strict minimum. À cette époque, le gouvernement leur avait dit que cette évacuation ne serait que temporaire.
Trente-cinq ans plus tard, la zone d’exclusion de 2600 km2 autour de Tchernobyl est toujours dépeuplée. Seuls subsistent les animaux.
Des chiens abandonnés après la catastrophe
Lors des évacuations, il était formellement interdit d’emmener ses animaux de compagnie avec soi. Les animaux étaient ainsi abandonnés sur place et livrés à eux-mêmes. Des militaires étaient ensuite dépêchés sur les lieux afin d’abattre tous les animaux, y compris domestiques.
Un épisode triste et marquant retranscrit avec fidélité dans la série à succès de HBO, Chernobyl. Dans la série britannico-américaine de 2019, on assistait avec effroi à l’abandon puis à l’exécution des canidés. Un événement frappant que relate l’auteure biélorusse Svetlana Alexievitch dans son récit La Supplication, consacré à la catastrophe de Tchernobyl. Dans son récit, elle décrit des « chiens hurlants, essayant de monter dans les bus. [...] Les soldats les repoussaient et les jetaient dehors. Ils ont longtemps couru après les bus. »
Malgré cet épisode traumatique, certains chiens ont survécu, assurant même une descendance qui subsiste aujourd’hui à Tchernobyl.
Une espérance de vie très courte
Crédit : Dogs of Chernobyl.
Dans le documentaire Dogs of Chernobyl, le duo Camilleri/ Chesnel s’est rendu sur place. Les deux compères y ont croisé beaucoup de chiens. « Aujourd’hui, on est entre la 10e et 12e génération de chiens. Leur espérance de vie là-bas est très courte, elle est de quatre ans à peine », raconte Léa Camilleri.
Léa et Hugo ont aussi suivi le travail courageux de Lucas Hixson, cofondateur de l’organisation Clean Futures Fund, et des bénévoles. Créée en 2016, l’organisation vient en aide aux victimes de la catastrophe mais aussi aux animaux délaissés.
Les chiens et autres animaux parmi lesquels les lynx, les loups et les lièvres doivent supporter les rudes hivers ukrainiens ainsi que les maladies qui les touchent. Clean Futures Fund se déplace chaque jour pour donner des soins aux animaux (vaccination contre les maladies et stérilisation) et leur donner à manger. Ces soins permettent de maintenir un nombre raisonnable dans la population de canidés afin de pouvoir mieux s’en occuper. Des cliniques ont même été installées dans l’usine de Tchernobyl.
En 2006, la population des canidés s’élevait à 1000 individus alors qu’elle est désormais entre 500 et 600 en 2021. Les chiens vivent en meute et peuvent parfois croiser des chevaux mongols, des ours biélorusses, des chevreuils, des sangliers ou des renards de retour dans la zone.
Les grands oubliés de Tchernobyl sont à découvrir dans ce documentaire passionnant.