« Nous savons que vous en avez assez de nos photos sanglantes. Mais nous continuons à vous appeler. Bachar al-Assad, Poutine, Khamenei ont tué notre enfance. Sauvez-nous avant qu'il ne soit trop tard. Quel est ce monde qui peut envoyer des machines sur Mars mais qui ne peut pas empêcher les massacres ? »
Tel est l’appel à l’aide entendu dans une des vidéos de Muhammad Najem, adolescent de quinze ans, suivi par un peu plus de 6000 personnes sur Twitter. Dénonçant un génocide dans la Ghouta, région proche de Damas en Syrie, où il vit - ou du moins survit -, Muhammad poste régulièrement sur son compte des photos et vidéos dans lesquelles il se filme en format portrait et raconte de son point de vue de garçon syrien, plongé dans l’horreur quotidienne, le chaos qui fait rage dans la région actuellement. Bombardements, attaques au chlore, enfants qui ne peuvent plus aller à l’école, amis qui succombent à leurs blessures… Muhammad partage tout ce qu’il vit sur Twitter, dans le but avoué de faire prendre conscience, de faire réagir.
Crédit photo : @muhammadnajem20 / Twitter
Parfois choquantes, les photos de blessés qu’il partage illustrent les ravages du régime d’al-Assad et les dégâts causés par les avions russes. 416 personnes ont perdu la vie dans la Ghouta orientale ces cinq derniers jours. Opposée au régime de Bachar al-Assad, la région essuie des bombardements depuis plusieurs jours, tandis que Vassily Nebenzia, l’ambassadeur de Russie aux Nations Unies a précisé que son pays était pour l’instant opposé à un cessez-le-feu. Prétextant que la Ghouta abriterait des terroristes, le gouvernement d’al-Assad et les Russes pilonnent incessamment la zone, et en particulier les hôpitaux.
The 15-year-old documenting Eastern Ghouta massacre with selfie videos pic.twitter.com/pIIIjRIdkZ
— muhammad najem (@muhammadnajem20) 21 février 2018
Angela Merkel a ainsi décrit la situation devant le Parlement allemand hier, jeudi 22 février 2018 :
« Le régime ne combat pas les terroristes, mais son propre peuple, tuant des enfants, détruisant des hôpitaux et ce massacre doit être condamné »
Tout comme Muhammad Najem, 400 000 personnes vivent dans la peur et se réfugient tant bien que mal pour éviter d’être soufflées par les explosions, alors que l’ONU demeure impuissante à l’heure actuelle. Le jeune homme agit-il seul, de son propre chef, ou est-il mis en avant, instrumentalisé par une quelconque organisation cherchant à attirer l’attention du monde sur la situation catastrophique en Syrie ? Nul ne le sait pour l’instant. Toujours est-il que, contacté par CNN, Muhammad, qui s’est improvisé reporter de guerre sur Twitter, a affirmé en des termes simples mais ô combien explicites :
« Les gens doivent savoir tout ce qui se passe en Syrie. Je veux faire des études, je veux être journaliste quand je serai grand ».
Un rêve et un avenir qui pourraient être compromis si le monde continue de détourner pudiquement le regard sur la situation actuelle dans la Ghouta.
A violent campaign launched by the Assad regime two days ago on the eastern Ghouta
— muhammad najem (@muhammadnajem20) 10 février 2018
Why all this our blood is became cheap the international community will stand unable and follow in silencehttps://t.co/vw2tyRkhOf pic.twitter.com/7JECtMVGtn