Une habitante malvoyante des Bouches-du-Rhône souhaitait manger dans un restaurant de la région accompagnée de son chien guide, mais elle a dû rebrousser chemin, le personnel de l'établissement jugeant « gênante » la présence de l'animal. Lui et sa maîtresse ont donc dû déguerpir, et ce, en dépit de la loi qui, depuis 2005, autorise l'accès aux chiens d'assistance dans tous les lieux publics.
Jump et sa maîtresse n'ont pas pu manger au restaurant comme ils le souhaitaient. Wikimedia
Humiliée. C'est ainsi que Brigitte Robolo, une habitante des Bouches-du-Rhône, s'est sentie lorsque le restaurant asiatique dans lequel elle s'apprêtait à dîner mardi 7 août lui a refusé l'entrée. La raison ? La dame malvoyante s'est rendue sur les lieux en compagnie de son chien guide d'aveugle, Jump, ce qui n'a pas été du goût des gérants.
Le patron du buffet à volonté, qui se trouve à Éguilles, non loin d'Aix-en-Provence, n'a pas voulu de la cliente dans son restaurant, et encore moins de l'animal qui l'accompagnait. Le personnel s'est dit « gêné » par la présence du chien d'assistance et a fermement refusé de laisser les deux entrer. « On m'a traitée comme un déchet de la société », regrette la victime auprès de France Bleu.
La femme a eu beau sortir la carte d'identité de Jump avec une médaille assurant qu'il s'agit bien d'un chien d'aveugle, rappeler la loi à maintes reprises, menacer d'appeler la police, rien n'y a fait. Elle a dû rebrousser chemin, et garde un goût très amer de cette histoire.
L'établissement dit devoir répondre à des normes d'hygiène très strictes. « Les poils des chiens peuvent s'envoler dans les plats. Un chien ça ne fait pas propre, c'est une mauvaise image, se défend un employé du wok contacté par le média local. Nous acceptons tout le monde, mais les chiens resteront interdits ».
La loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances oblige pourtant tous les lieux accueillant du public à ouvrir leurs portes aux animaux d'assistance, contrairement à ceux de compagnie. « C'est comme si on demandait à une personne en fauteuil de manger debout, il ne peut pas. Pour moi c'est pareil : Jump, c'est mes yeux », déplore Brigitte.
Une plainte va être déposée
Les arguments du personnel de Be Wok sont loin de suffire à la principale intéressée et son compagnon, Fabien, lui aussi déficient visuel. « Jump n'est pas un chien de compagnie, il est éduqué pour nous aider. Nous sommes dans notre droit », assure-t-il. Le couple compte donc porter plainte contre l'établissement.
Kévin Fermine, un Toulousain handicapé moteur, a connu le même sort que Brigitte récemment. Alors qu'il se rendait au supermarché, le jeune homme a été prié de laisser son chien d'assistance à l'extérieur du magasin pour des raisons « d'hygiène ». L'enseigne Carrefour a depuis présenté ses excuses et assuré mené des actions de sensibilisation pour que ce genre d'incidents ne se produisent pas.