Une équipe de chercheurs espagnols et britanniques a fait une incroyable trouvaille : quatre tiques, parfaitement conservées, figées dans un morceau d'ambre vieux de 99 millions d'années, découvertes dans un gisement d'ambre en Birmanie. Cette matière résulte de la fossilisation de sève d'un végétal, dans laquelle peuvent se retrouver prisonniers divers petits insectes et autres particules qui peuvent ainsi traverser les millénaires en étant impeccablement préservés.
E. Peñalver
Juste avant de mourir suffoqué dans la sève qui allait plus tard se fossiliser pour devenir ambre, l'un de ces arachnides avait sa patte empêtrée dans une plume… dont le propriétaire ne peut être qu'un dinosaure, puisque les oiseaux, descendants directs des lézards terribles, n'existaient pas encore à l'époque des faits. Et, roulement de tambour, l'estomac de l'acarien était encore gorgé de sang de dinosaure !
Mais… n'aurait-on pas déjà vu cela quelque part ? Ceux qui ont vu le film Jurassic Park de Steven Spielberg, sorti en 1993 (et adapté du roman de Michael Crichton) savent très bien où tout cela nous amène : car c'est précisément grâce au sang contenu dans un moustique prisonnier dans l'ambre que des chercheurs parviennent, dans cette œuvre de fiction, à récupérer le code ADN d'un dinosaure et à ressusciter génétiquement les sauriens géants !
À nous les promenades dans les jungles luxuriantes, peuplées de créatures venues du fond des âges ! À nous les vallées oubliées abritant des espèces mystérieuses, aussi passionnantes que terrifiantes !
E. Peñalver
Bon. On s'excuse par avance, mais si vous imaginiez déjà avec un bébé ptéranodon dans votre salon, ou emmener un jour vos enfants voir des diplodocus au zoo de Beauval, on va malheureusement devoir tout de suite vous casser le délire : les scientifiques ne parviennent pas à extraire de l'ADN « lisible » de dinosaure des échantillons d'ambre, même avec le sang conservé. Et même s'ils y parvenaient, il leur faudrait de toute façon encore trouver un moyen de reconstituer une créature vivante à partir de son seul code génétique.
Autant vous dire que l'ouverture d'un véritable Jurassic Park ne fait pas vraiment partie des objectifs visés par les chercheurs… Dommage, (ou heureusement, tout dépend de quel point de vue on se place !)
Pour parachever le tout, et décevoir encore quelque peu les amateurs de sensations fortes, le dinosaure en question, dont la plume a été retrouvée en compagnie du parasite, ne devait pas être plus gros… qu'un poulet. Au final, le plus impressionnant reste encore le nom de l'une des espèces de tiques découvertes dans l'ambre : Deinocroton draculi, ce qui signifie littéralement « la terrible tique de Dracula » !
On comprendra le désenchantement de ceux qui seront frustrés de ne pas voir, encore, la réalité dépasser la fiction. Cependant, si vous trouvez ça nul, sachez que les scientifiques ne sont pas du tout de votre avis ! En effet, la découverte de ces quatre petits parasites piégés dans un bout d'ambre reste d'un intérêt majeur pour eux, car ce type de trouvaille reste une opportunité unique.
« Il est extrêmement rare de découvrir des fossiles de parasites hématophages directement liés aux restes de leurs hôtes », explique Xavier Delclòs de l'université de Barcelone, coauteur de l'étude. Grâce à leur trouvaille, les chercheurs ont obtenu la preuve que les tiques pouvaient bel et bien se nourrir du sang des dinosaures, et pourront mieux comprendre la manière dont les parasites ont évolué avec leurs hôtes.
Pour les autres… eh bien, il reste toujours Steven Spielberg.