La crise au Venezuela s'enlise et vient de connaître un nouvel épisode avec l'annonce de Juan Guaido, président du Parlement, qui s'est autoproclamé président du pays, entraînant la reconnaissance de sa légitimité par plusieurs chancelleries internationales.
Situation plus que confuse au Venezuela où le président du Parlement Juan Guaido, principale figure de l’opposition à Nicolas Maduro, vient de s’autoproclamer « président en exercice » par intérim.
La fonction suprême est pourtant occupée de fait par le successeur d’Hugo Chaves, vainqueur de l’élection présidentielle de mai dernier et investi au début du mois de janvier.
Aussitôt l'annonce faite, le jeune politicien de 35 ans a immédiatement été reconnu par de nombreux dirigeants d’Amérique du sud, mais aussi occidentaux tels que Donald Trump, ajoutant ainsi de la confusion au marasme ambiant.
Juan Guaido, nouveau visage de l'opposition au régime
Il faut dire que que le pays connaît une crise politique majeure depuis le scrutin de l’an dernier. Nicolas Maduro n’a jamais semblé aussi impopulaire et son mandat est très fortement contesté par une opposition toujours plus importante, sur laquelle Juan Guaido a su surfer.
Originaire du nord du pays, ce modéré respecté par les franges les plus radicales des opposants - en raison notamment de son engagement sans faille depuis le début de la contestation -, s’est fait connaître à l’international lors d’une arrestation spectaculaire, organisée par les services de renseignements locaux au bon milieu d’une autoroute, le 13 janvier dernier.
Relâché au bout d’une heure, l’intéressé en était sorti renforcé et son aura auprès de l’opposition n’a depuis cessé de croître.
Si l’armée - sur laquelle compte Maduro pour évincer son rival - a rejeté son autoproclamation, Juan Guaido peut néanmoins compter sur l’appui et la reconnaissance de plusieurs dirigeants internationaux, dont ceux du Brésil, du voisin colombien et des États-Unis.
En plus du président américain, il vient en outre d’enregistrer le soutien indirect de la France et de l’ensemble de l’Union européenne qui prennent clairement partie pour l’opposition, appelant à davantage de démocratie.
Ainsi, Emmanuel Macron a tenu à saluer sur Twitter « le courage des centaines de milliers de Vénézuéliens qui marchent pour leur liberté ». Le chef de l’État a par ailleurs réaffirmé que l’Europe « soutient la restauration de la démocratie », qualifiant la récente élection de Nicolas Maduro d’« illégitime »
Après l’élection illégitime de Nicolás Maduro en mai 2018, l’Europe soutient la restauration de la démocratie. Je salue le courage des centaines de milliers de Vénézuéliens qui marchent pour leur liberté.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 24 janvier 2019
De son côté, la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, avait appelé mercredi à écouter la « voix » du peuple, réclamant la tenue d’élections « libres ». À l’inverse du président français, elle n’a toutefois pas évoqué l’élection de Nicolas Maduro et encore moins jugé cette dernière « illégitime ».
Le son de cloche est évidement différent du côté des partisans du président élu. Si Cuba a d’ores et déjà fait part de son « ferme soutien » face à une « tentative de coup d’Etat », la Russie et la Chine ont, quant à eux, dénoncé les ingérences extérieures. Moscou ayant par ailleurs déclaré que cette autoproclamation ouvrait la « voie vers le bain de sang ».
Plus près de nous, notons que Jean-Luc Mélenchon, qui n’a jamais caché ses sympathies pour le régime chaviste, qualifie cet acte politique de « tentative de coup d’État ».
#Venezuela. Une tentative de coup d'État en violation de tous les principes admis jusque là dans le monde après une élection.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 23 janvier 2019