Imaginez : vous vous réveillez un matin, émergez difficilement de votre lit, courrez jusqu’à votre arrêt de métro, ouvrez péniblement vos yeux et… êtes entouré(e) de dizaines et de dizaines d’amazones blondes à la peau blanche, cristallines, perchées sur des talons hauts de 15 centimètres et s’enorgueillissant de mensurations trop idéalisées ?
C’était le monde tel que Mattel le voyait depuis 1959, année lors de laquelle la société américaine spécialisée dans les jouets et les jeux avait créé son produit phare : Barbie. Et ce, pendant 56 ans.
Aujourd’hui cependant, rédemption assumée, Mattel sort sa première Barbie « ronde », à l’image et aux dimensions exactes de la mannequin « grande taille » de renommée internationale Ashley Graham.
Largement controversé et ouvertement critiqué — difficile pour les petites filles de pouvoir s’accepter lorsqu’un seul type de femme est représenté à l’échelle mondiale — c’est en 2015 que Mattel avait réalisé son premier coup de maître en dessinant une nouvelle ligne de Barbie aux dimensions plus humaines, aux chaussures plates et aux teintes de peaux variées. Forte de son succès, Mattel avait sorti dans la foulée sa collection « Barbie Sheroes », des éditions spéciales rendant hommage aux femmes les plus badass de notre génération, comme la danseuse étoile Misty Copeland, l’artiste country Trisha Yearwood ou encore l’actrice Emmy Rossum du film « Selma ».
C’est hier, 15 novembre, lors des « Glamour Women of the Year Awards », une cérémonie annuelle de remise de prix dédiée aux femmes, à Los Angeles qu’Ashley Graham a pris la pose pour la première fois avec sa poupée.
Activiste assumée dans les campagnes visant à redéfinir les standards de la beauté, elle s’est enthousiasmée : « Nous avons besoin de travailler tous ensemble afin de redéfinir l’image globale de la beauté et continuer de poussier les barrières pour un monde plus inclusif. (…) Je suis ravie que Barbie fasse non seulement évoluer son produit, mais continue aussi d’honorer les femmes qui repoussent les limites de la société en général. C’est un honneur d’être immortalisée en plastique. (…) Elle a un ventre rond, elle a des hanches rondes. Elle ronde de partout ! »
« [Ashley Graham] pousse les frontières dans le milieu de la mode et promeut un message positif quant à la perception des corps, l’acceptation de soi et l’autonomisation des femmes » a déclaré Mattel, de son côté.
Pionnière dans la démocratisation des silhouettes « imparfaites » et remettant en question l’establishment de la mode et des magazines féminins, elle avait connu un véritable momentum lorsqu’elle avait fait la couverture de Sports Illustrated (un magazine hebdomadaire sportif de référence aux Etats-Unis). Militante aguerrie, elle avait d’ailleurs déjà collaboré sur une marque de lingerie « grande taille » avec la marque AdditionElle.