Bien sûr, cet "emballage naturel" n'a qu'un seul défaut, c'est qu'il n'indique ni le prix, ni la date de péremption, ni la marque du produit, ni ses éventuels labels. Alors, on est bien obligés de coller des petites étiquettes sur les pommes, clémentines et autres bananes. C'est probablement ce qu'il y a de plus minimaliste niveau packaging, certes... mais même ainsi, ces petites étiquettes provoquent tout de même des dépenses en matière d'énergie, de plastique, ainsi que des émissions de CO2 !
Dans une démarche de toujours plus réduire les packagings, Nature & More, un distributeur Néerlandais de fruits et légumes bio, s'est associé à la chaîne de supermarchés Suédoise ICA pour expérimenter une nouvelle manière de labelliser les produits maraîchers.
Il s'agit, tout simplement, de remplacer les étiquettes collantes... par une empreinte faites grâce à un laser !
ICA/Nature & More
Les produits sur lesquels cette technologie va être testée seront les avocats et les patates douces issus de l'agriculture biologique. Au Royaume-Uni, un concept similaire est en cours d'expérimentation sur des noix de coco.
Bien entendu, on pourrait avoir quelques réticences concernant cette nouvelle méthode d'apparence futuriste : est-on sûr que ce n'est pas dangereux pour la santé de consommer des fruits marqués au laser ? En réalité, le procédé fonctionne de manière très simple. Il s'agit d'une lumière très forte qui dépigmente la peau, laissant une empreinte, à la manière d'une marque de bronzage ! Cette technique, surnommée "marquage naturel", n'affecte que la superficie de la peau — une fois cette dernière retirée, le produit est identique à n'importe quel autre fruit ou légume. De plus, tous les tests indiquent que ce procédé n'affecte ni la durée de conservation du produit, ni sa qualité gustative puisque cela agit simplement sur les pigments de la peau. Au contraire, c'est même probablement meilleur que les éventuels résidus de colle des étiquettes...
"En utilisant le marquage naturel sur la totalité des avocats bio que nous vendons au cours d'une seule année, nous avons calculé que nous économiserions l'équivalent d'une bande de plastique de 200 kilomètres de long et 30 centimètres de large", explique Peter Hagg, business manager chez ICA. "À l'échelle d'une industrie, c'est relativement petit, mais on pense que ce sont les petits gestes qui peuvent créer un impact en s'accumulant," ajoute-t-il.
Cette technologie laser ne génère que l'équivalent d'1% des émissions carbone requises pour produire une étiquette de taille similaire.
Stéphane Merit, de Laser Food, la compagnie qui s'occupe de la conception de la technologie de marquage au laser, affirme qu'avec les millions d'étiquettes qui sont utilisées chaque jour dans le monde entier sur les produits maraîchers, cette nouvelle technique pourrait représenter "une réduction importante dans la quantité de papier, plastique, encre et colle" utilisée, sans même parler de l'énergie qui est déployée pour les produire et les transporter sur les lieux d'étiquetage...
Laser Food
Selon le porte-parole de la chaîne de supermarchés, les consommateurs "responsables" représentent désormais 1/5 des acheteurs d'ICA, et la tendance est à la hausse. Pour suivre cette nouvelle demande inspirée par la sensibilisation grandissante des consommateurs et la volonté de consommer "responsable", les industries doivent s'adapter, ce qui est bien la preuve que nos choix au quotidien comptent énormément !
Selon Hagg, "Les ventes de produits responsables sont avant tout générées par la sensibilisation des consommateurs, et leur volonté de consommer mieux, pour réduire la pollution et le réchauffement climatique. Les jeunes générations choisissent aussi de plus en plus leurs produits en fonction de l'impact environnemental du packaging. Nous savons que cette tendance deviendra de plus en plus importante au fil des années à venir."
Évidemment, le coût d'une machine laser est un investissement considérable pour les entreprises. Mais une fois passé cet investissement initial, cela devient aussi plus économique sur le long terme que les étiquettes, assure Michaël Wilde, de la compagnie maraîchère Nature & More. "C'est un investissement pour le futur, et nous pensons que de plus en plus de supermarchés sauteront le pas. Cela économise des ressources, de l'énergie, réduit les émissions de CO2, et en plus c'est plus économique au final pour eux !"
Autre avantage : ce procédé de marquage permet d'éviter le problème des étiquettes qui se décollent et tombent, sur des produits à la peau rugueuse comme les noix de coco ou les melons.
Photo : The Guardian