En Chine, les personnes en difficulté financière sont de plus en plus attirées par une promesse d’argent facile à travers les défis d’autodiscipline, mais peu en ressortent gagnants. Un concept qui n’est pas sans rappeler la série sud-coréenne Squid Game qui cartonne actuellement sur Netflix
Que sommes-nous prêts à faire pour ne plus être pauvre et endetté ? C’est l’épineuse question que soulève, au détour d’un jeu machiavélique, l’intrigue de la série sud-coréenne Squid Game, dont la saison 2 vient de sortir sur Netflix. Si la fiction divertit, il ne faut pas oublier qu’elle prend ses racines dans une réalité bien moins glorieuse : celle d’une société où les individus écroulent sous les dettes.
À la limite du désespoir, des personnes franchissent les limites du raisonnable ou de la légalité pour sauver leur propre vie, en quête d’une fortune qu’ils pensent enfin accessible. C’est le phénomène qui vient d’être constaté en Chine, à travers un reportage du quotidien Qilu Wanbao, repéré par Courrier International.
L’article raconte l’expérience douloureuse d’un certain Zhang, tombé dans le piège des défis d’autodiscipline. Mais qu’est-ce donc ?
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26 jours à ne rien faire, un défi impossible ?
Sur une vidéo, il explique avoir été attiré par un slogan qui lui proposait de gagner 500 000 yuans (environ 65 500 euros) sans rien faire, si ce n’est de rester dans une chambre d’hôtel pendant 26 jours. Intéressé, il paye 6900 yuans (905 euros) de frais d’inscription.
Sur le contrat, le règlement stipule qu’il est interdit d’utiliser tout appareil électronique, d’échanger avec l’extérieur, de se cacher le visage ou de recouvrir les caméras. En revanche, il est autorisé de s’occuper en lisant, dessinant, tricotant ou de regarder par la fenêtre.
À la clé, il pouvait prétendre à des primes exponentielles : si le défi était relevé, le candidat recevait 6 800 yuans (890 euros) le troisième jour, 28 000 yuans (3 670 euros) le sixième jour, 58 000 yuans (7 600 euros) le neuvième jour… Si on relevait le défi pendant vingt-six jours, c’était le gros lot : 859 700 yuans (113 000 euros).
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Il perd presque 3 000 euros à force de tenter sa chance
Seulement voilà, après une journée passée dans la chambre d’hôtel, Zhang après tout bonnement qu’il a perdu. La raison invoquée étant que son visage a été masqué aux caméras pendant plus de trois secondes.
Frustré, Zhang retente sa chance, payant de nouveaux frais d’inscription. Cette fois-ci, il perd encore au bout de deux jours pour avoir tourné le dos à la caméra plus de trois secondes alors qu’il faisait son lit. Il tente le coup une troisième fois, devenant accro à l’idée qu’il peut gagner cet argent.
“C’est là que j’ai développé une pathologie de jeu compulsif. Après le deuxième échec, j’ai emprunté 7 000 yuans (915 euros) à un ami pour essayer à nouveau. Je me disais qu’avec tout l’argent que j’avais déjà investi je ne pouvais pas repartir les mains vides”
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Au total, Zhang aura déboursé 20.700 yuans (2 715 euros) avant de lâcher l’affaire. La promesse et la tentation de l’argent facile a tourné au désastre, empirant sa situation financière. Un concept qui rappelle le principe de base des casinos. Selon le site d’information chinois Sixth Tone, les défis d’autodiscipline sont encore plus pervers que les casinos :
“Les entreprises ciblent les pauvres et les chômeurs, en leur promettant de remportant une somme considérable qui peut changer leur vie. Ils présentent d’étranges similitudes avec la série de Netflix Squid Game”.
Bien heureusement, contrairement à la série sud-coréenne, les joueurs ne risquent pas leur vie, mais ils la mettent tout de même en péril en empirant leur situation financière. En Chine, les défis d’autodiscipline sont soupçonnés de “commerce déloyal” et de “fraude contractuelle” d’un point de vue juridique, mais elles parviennent à échapper aux poursuites.