Propriétaire, son logement est squatté par des... proxénètes qui lui doivent 28 000 € d'impayés

La propriétaire d'un logement squatté par des proxénètes vit un véritable calvaire depuis plusieurs mois. Récit.

28 000 euros ! 

Telle est la somme faramineuse d'impayés qu'un couple de squatteurs doit aux propriétaires d'une maison qu'il refuse de quitter. Racontée par nos confrères du Figaro, cette histoire, hélas presque banale, rappelle à quel point l'occupation illégale des logements demeure un fléau dans l'Hexagone.

Intérieur d'une maison squattéeImage d'illustration. Crédit photo : iStock

Leur maison est squattée par des proxénètes qui leur doivent 28 000 € d'impayés

Située dans les quartiers nord de Marseille, cette maison de 120 mètres carrés est actuellement habitée illégalement par des squatteurs, récemment condamnés pour leur appartenance à un... réseau de proxénétisme nigérian.

Une situation que les propriétaires du bien - un couple de sexagénaires - dénonce depuis trois ans, en vain.

« On l’avait achetée avec mon mari en 2010. Il y habitait pour son boulot. Mais au bout de quelques années, il a été diagnostiqué de la maladie d’Alzheimer », raconte ainsi la propriétaire, que nous nommerons Raymonde.

Suite à ce diagnostic difficile à encaisser, cette dernière décide de s'occuper de son époux et met la grande maison en location. Raymonde choisit d'y installer une famille dans une situation sociale complexe, afin de lui rendre service. Elle fait même le choix de baisser un peu le loyer pour faciliter le quotidien de ce foyer.

« Un patron qui travaillait pour moi m’a dit qu’un de ses employés cherchait à louer une grande maison pour sa femme et ses quatre enfants. Il travaillait bien et était présenté comme “quelqu’un de bien”. J’ai accepté de rendre service pour un an » (Raymonde)

Un bail meublé est alors signé en décembre 2020 et les premières semaines se déroulent sans encombres. Mais les choses vont vite dégénérer, à l'entame de la nouvelle année. « Au début, ils payaient leur loyer via leurs allocations familiales. Les problèmes ont commencé début 2021 », se remémore Raymonde, qui ne peut que constater les dégâts, depuis 3 ans.

« Aujourd’hui, j’en suis à 28.000 euros de loyers impayés. J’ai arrêté de payer l’eau depuis un an, leur consommation frisant la capacité d’une piscine. Des voisins m’ont aussi prévenu que d’autres gens avaient emménagé avec eux » (Raymonde)

Serrure d'une porte fracturée Image d'illustration. Crédit photo : iStock

Mais le pire est à venir. En enquêtant sur ses locataires, la propriétaire découvre en effet, non sans stupeur, qu'ils ont été emprisonnés pendant plusieurs années pour proxénétisme. Furieuse, elle décide alors d'intervenir, mais ne sait pas comment procéder. Un jour, alors qu'elle souhaite fermer l'accès endommagé du garage de la maison, elle subit une violente agression de la part du couple. C'est la goutte d'eau qui va faire déborder le vase.

« J’ai appris qu’ils avaient fait de la prison. La femme m’a même agressé à coups de marteau en juillet 2023 car j’étais venue devant la maison avec un serrurier pour verrouiller une porte de garage qu’ils avaient enfoncée en voiture » (Raymonde)

Raymonde dépose plainte dans la foulée et se lance alors dans un long bras de fer judiciaire pour faire expulser les squatteurs. En avril dernier, la justice lui a donné gain de cause, ordonnant l'expulsion du couple de proxénètes, mais celui-ci fait la sourde oreille et refuse de quitter la maison.

Aujourd'hui, sept mois après cette décision, rien n'a changé et Raymonde commence à perdre espoir, d'autant que la trêve hivernale - qui gèle automatiquement les expulsions du 1er novembre au 31 mars - approche à grands pas.

Vue aérienen de Marseille, avec le célèbre stade Vélodrome, à droiteCrédit photo : iStock

« Des réquisitions ont été faites auprès de la préfecture pour signifier l'expulsion. On a une situation qui est complètement déséquilibrée : l'État est défaillant et n'a pas les moyens de mettre les gens dehors », regrette l'avocat de la sexagénaire, MChristophe Jervolino.

Le calvaire des propriétaires pourrait donc se prolonger encore plusieurs mois. 


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Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.