Ce vendredi après-midi, et dans le cadre de la Semaine de lutte contre les discriminations, la ville de Paris organise un vaste événement ouvert au public contre la « grossophobie ». À cette occasion, les salons de l'Hôtel de Ville ouvriront leurs portes pour accueillir des débats, des conférences, des tables rondes, des témoignages. La journée sera clôturée par un défilé de mode « militant » avec la présence de mannequins « grande taille ».
Illustration du « fat shaming »/ MaryAnne Campbell, Shutterstock
Mais qu'est-ce au jute que la grossophobie ? Le terme, passé relativement récemment dans le langage courant, désigne une pratique en réalité beaucoup plus ancienne : le rejet, le mépris ou la discrimination qui visent spécifiquement les personnes de corpulence plus forte. De plus en plus employé, l'usage de ce néologisme n'est pas anodin : il classe le rejet des personnes en surpoids ou obèses comme étant une discrimination à part entière, au même titre que d'autres « phobies » ( homophobie, xénophobie, islamophobie, etc.)
C'est un peu l'équivalent en langue française du « fat-shaming », une pratique très répandue qui consiste à juger et à discriminer les personnes plus corpulentes, indépendamment du fait qu'elles soient ou non responsables de leurs formes (rappelons que l'obésité peut également être parfois liée à de nombreuses causes, dont des maladies ou des troubles physiques ou psychiques. Il ne s'agit donc pas forcément de « négligence » ou d'une volonté de trop manger, contrairement au cliché communément répandu). Cela peut aller jusqu'à la discrimination à l'embauche (selon une enquête sociologique, 20 % des personnes obèses au chômage estiment avoir été discriminées à l’embauche)
C'est aussi la tendance qui s'apparente à de bonnes intentions, qui veulent que l'on se permette de donner des conseils, de juger de l'alimentation d'une autre personne sans y avoir été invité, simplement parce que cette personne est « grosse ».
Femme cachant ses bourrelets / Shutterstock
Enfin, il existe aussi une forme de sexisme inhérente à la grossophobie communément pratiquée au sein de la société : alors qu'un homme, en particulier s'il est d'un âge un peu plus mûr, voit sa surcharge pondérale relativement acceptée par la société, la pression est autrement plus forte chez les femmes, en particulier les jeunes femmes qui doivent correspondre à un certain « idéal de beauté » si elles souhaitent asseoir leur valeur sociale.
De plus en plus, le « body positive » et la lutte contre les préjugés visant les personnes de forte corpulence s'ancrent dans le débat public, à l'heure ou près d'un français sur deux est obèse ou en surpoids. Les mannequins « grande taille » se taillent désormais leur place au sein de grands défilés de mode. Et, même s'il reste sans doute du chemin à parcourir, on ne peut que se réjouir que de nombreux événements aillent dans le bon sens.