Elles sont 26, elles sont super-badass, et elles luttent sans relâche contre les braconniers afin de préserver la faune sauvage.
@ Black Mambas Anti-Poaching Unit / Facebook
L’Afrique du Sud compte près de 80% de la population totale de rhinocéros du monde, ce qui en fait l’habitat de prédilection des pachydermes. Un rhinocéros y est tué toutes les sept heures, du fait d’un trafic juteux mettant en œuvre braconniers et négociants de produits issus des animaux tels que l’ivoire ou les cornes de rhinocéros, qui sont employées à des fins prétendument médicales. C’est un business illégal, dévastateur pour l’environnement et la survie de ces espèces menacées, mais qui est aussi (et malheureusement) extrêmement lucratif : un gramme de poudre de corne de rhinocéros se vend au prix d’un gramme de cocaïne.
Résultat : les braconniers sont de plus en plus nombreux à sévir, et notamment dans la région du Parc national Krueger. Les responsables du parc parlent même d’une véritable « crise du braconnage » : en 2007, seuls 13 rhinocéros avaient été tués par les braconniers, contre 1 175 en 2015 , et les chiffres ne font qu’augmenter dramatiquement !
Craig Spencer, le gardien en chef de la réserve naturelle de Balule, s’est rendu compte que pour résoudre le problème, les autres réserves au sein du Parc national employaient toujours les mêmes vieilles méthodes qui avaient toujours été en usage. Lui s’est dit au contraire qu’il fallait de nouveaux outils, des outils qui soient meilleurs et qui puissent permettre de lutter efficacement contre cette menace grandissante !
Surtout, il fallait s’attaquer à la cause, au fond véritable du problème : la pauvreté, les inégalités de richesse extrêmement marquées qui touchent l’Afrique du Sud, explique-t-il. Ainsi, la riche réserve privée offre un contraste frappant avec les communautés locales se trouvant juste à côté. D’après Craig Spencer, les braconniers sont même perçus comme des sortes de « Robins des bois » dans certaines localités ! Certains habitants voient en effet dans le braconnage une façon simple de se sortir de la misère, et préfèrent soutenir les criminels aux dépens des scientifiques et des environnementalistes perchés dans leur tour d’ivoire, insensibles à leur misère.
C’est pourquoi Craig Spencer pense qu’il est impératif de laisser tomber les vieilles méthodes qui consistent à employer des forces policières armées, et au contraire, d’impliquer directement les communautés locales en leur donnant du travail. C’est ainsi que lui est venue l’idée d’employer ces femmes issues de villages proches du parc.
@ Black Mambas Anti-Poaching Unit / Facebook
Les scientifiques et les administratifs du parc, eux, ont dû employer des équipes de gardes pour protéger non seulement les fameux rhinocéros, mais également les lions, les girafes, et autres animaux susceptibles d’intéresser les braconniers . Les Blacks Mambas sont leurs yeux et leurs oreilles sur le terrain.
Tous les membres du commando sont des jeunes femmes, âgées de 20 à 30 ans, issues de communautés locales. Elles patrouillent sans relâche au sein du Parc National, d’autant plus courageusement qu’elles n’ont même pas d’armes pour se défendre, sur une zone étendue sur plus de 50 000 hectares.
@ Black Mambas Anti-Poaching Unit / Facebook
C’est la première unité de ce type au monde à être intégralement féminine, et elles ne mettent pas uniquement les braconniers au défi, mais aussi… les stéréotypes et les clichés.
Les 26 jeunes femmes sont prêtes à tout pour défendre la vie sauvage et lutter contre cette destruction qui représente un véritable fléau pour leur pays. Elles ont suivi une formation intensive, dont un entraînement paramilitaire, et sont aussi à l’aise pour gérer un lion, un éléphant, ou un groupe de braconniers armés.
Au quotidien, elles libèrent les animaux pris dans les pièges ou dans les barbelés, dispersent les braconniers et patrouillent sans relâche. Elles opèrent à la façon d’un groupe de surveillance et de reconnaissance, et appellent les gardiens armés au moindre mouvement suspect.
@ Black Mambas Anti-Poaching Unit / Facebook
“Certains m’ont dit que c’était un boulot d’homme, je suis bien contente de leur montrer qu’ils ont tort ! ”, se satisfait l’une des membres des Black Mambas.
Dans leurs villages d’origine (dont viennent d’ailleurs bon nombre de braconniers ), les jeunes femmes sont aujourd’hui perçues comme des héroïnes. Leur action permet de changer la perception du braconnage au sein des communautés, et d’en parler non pas comme une opportunité mais comme une nuisance et une menace pour la région… Certaines Black Mambas interviennent même dans les écoles primaires ! Comme les enfants ont souvent peur des animaux, elles leur expliquent que ce sont au contraire les animaux qui ont besoin d’eux et de leur protection.
Pour l’instant, la démarche alternative voulue par Craig Spencer se révèle extrêmement efficace. Amy Clark, la codirectrice de l’ONG Transfrontier Africa – qui protège la réserve Balule, au cœur du Parc national Kruger – se félicite auprès de Seeker d’une chute de 56 % des cas de braconnages dans la région, depuis la création de l’équipe des Black Mambas en 2013 . Pas un seul rhinocéros n’a été tué pendant les 13 premiers mois de l’opération.
@ Black Mambas Anti-Poaching Unit / Facebook