Des anciens collaborateurs belges du régime nazi perçoivent encore aujourd'hui une pension, versée par l'Allemagne, pour leur loyauté envers... Adolf Hitler. Dans le sillage de certains élus, la Belgique a donc décidé de s'attaquer à ce privilège, que beaucoup considèrent comme une aberration.
Alors que les cicatrices de la Seconde Guerre mondiale peinent encore à se refermer près de 75 ans après la fin du conflit, la question de la collaboration demeure encore un sujet tabou dans les nombreux pays ayant vécu sous le joug du nazisme.
C’est notamment le cas en Belgique, où de récentes révélations assez invraisemblables pourraient bien remuer un passé encore douloureux.
Ainsi, le quotidien national néerlandophone De Morgen nous apprend que 27 Belges perçoivent encore en 2019 une pension complémentaire de l’Allemagne pour « fidélité, loyauté et obéissance » au régime nazi.
Des pensions allant « de 425 à 1 275 euros par mois »
Ces pensions, garanties par Adolf Hitler en personne dès 1941, ont depuis continué à être versées à ces anciens collaborateurs, dont certains s’étaient engagés volontairement dans les Waffen SS - bras armé de la tristement célèbre SS - durant la guerre, avant d’être jugés et reconnus coupables de collaboration par la justice belge au lendemain de l'armistice.
« Depuis près de 70 ans, les Länder allemands versent des pensions complémentaires », confirme en effet le chercheur Alvin De Coninck, membre d’une association belge de survivants et de rescapés des camps de concentration nazis.
« Les privilégiés étaient les habitants des Cantons de l'Est et d'Alsace, qui ont acquis la nationalité allemande après l'invasion nazie, mais aussi les Belges qui ont rejoint les Waffen SS pendant la guerre », ajoute l’intéressé, qui précise également que ces pensions de retraite peuvent aller de « 425 à 1 275 euros par mois ».
« Les années passées dans une prison belge à la suite d'une condamnation pour collaboration sont considérées comme du temps de travail. (...) Alors que les Belges qui ont dû travailler en Allemagne pendant la guerre sont considérés comme travailleurs forcés et ont reçu une indemnité de 50 euros par mois après la guerre. », précise-t-il encore, pointant une injustice manifeste.
38 000 personnes ont bénéficié de ces pensions en récompense de leur loyauté au nazisme
Une situation ubuesque dénoncée par de nombreuses personnes en Belgique et qui a contraint le Conseil parlementaire des affaires étrangères à se pencher sérieusement sur la question. Une résolution visant à « s'attaquer d'urgence à ce problème par la voie diplomatique » a ainsi été présentée au gouvernement par un élu de centre-gauche et deux de ses homologues socialistes.
Une proposition qui a immédiatement fait consensus chez les parlementaires belges, comme l’a annoncé le député fédéral (DéFi) Olivier Maingain, l’un des élus à l’initiative de la résolution.
« Notre proposition visant à plaider auprès du gouvernement allemand la fin du régime des pensions accordées aux collaborateurs belges durant le régime nazi vient d'être adoptée à l’unanimité », a ainsi déclaré sur Twitter celui qui est également bourgmestre de la commune de Woluwe-Saint-Lambert.
Notre proposition visant à plaider auprès du gouvernement
— Olivier Maingain (@OlivierMaingain) 19 février 2019
allemand la fin du régime des pensions accordées aux
collaborateurs belges durant le régime nazi vient d'être adoptée à l'unanimité. Quelle satisfaction de voir les démocrates s'entendre en l'absence de la NVA et du VB!
Reste à savoir quelles seront les démarches mises en oeuvre par la chancellerie pour mettre fin à ces versements, dont auraient bénéficié 38 000 personnes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Pour rappel, la Belgique - qui avait été envahie par la Wehrmacht le 10 mai 1940 - avait fini par se soumettre à l’envahisseur nazi le 28 mai après avoir résisté tant bien que mal pendant la campagne des 18 jours. Durant les cinq années qui suivront, le royaume belge connaîtra le même sort que de nombreux pays occupés, en s’engageant dans un processus de collaboration appelé « politique du moindre mal ». Une période délicate et obscure qui suscite encore beaucoup de débats à l’heure actuelle.
À la fin de la guerre, quelque 80 000 personnes ont été jugées en Belgique pour avoir collaboré avec l’ennemi.