Considérée par l'ONU comme étant l'une des minorités les plus persécutées au monde, les Rohingyas vivent aujourd’hui un véritable cauchemar.
Ce peuple musulman, ne représentant qu’une minorité de la population birmane, fuit son pays suite à une recrudescence de violence.
Le peuple en plein exode se dirige aujourd’hui vers les pays voisins tel que le Bangladesh.
Dar Yasin, un photographe basé au Cashemire, est parti la semaine dernière à leur rencontre dans le port de pêche de Cox’s Bazar, au Sud-Est du Bangladesh. Dévasté par ce qu’il découvre sur place, il livre au Time son récit et une série de photographies teintées de misère et de souffrance.
Privé de nourriture, d’eau et d’abri, les Rohingyas sont forcés de se déplacer sans arrêt. Sur la terre ferme ou à bord d’embarcations bancales, les familles n’ont « pas le temps de pleurer ».
À travers son objectif, Dar Yasin capture une terrible tragédie. Hanida Begum, une femme du groupe, a perdu son bébé de 40 jours lorsque leur bateau a chaviré à seulement quelques mètres du rivage. Son frère jumeau, lui, a survécu.
Des membres de la grande famille périssent mais les survivants avancent sans cesse, guidés par la faim et un espoir présent malgré tout.
Ils s'aident les uns les autres. Ici on peut voir un homme âgé aidant un enfant à descendre d'un bateau et atteindre le rivage.
Mais selon le photographe, il n'est pas rare de voir les enfants porter leurs parents épuisés. Comme c'est le cas sur la photo ci-dessus, où l'on perçoit Abdul Kareem portant sa mère, Alima Khatoon, dans un camp de réfugiés après avoir traversé le Myanmar pour atteindre le Bangladesh.
Une fois sur la grande plage de Shah Porir Dwip, les Rohingyas se dirigent vers un camp de réfugié.
Certains, comme Mohammad Zakaria, sont blessés mais ne lâchent pourtant rien. L'homme qui a subi des blessures par balles à sa jambe quand il a déclaré que des moines et des soldats du Myanmar ont attaqué son village.
Les hommes et les garçons Rohingya attendent de recueillir un sac de riz distribué par les organismes d'aide dans le camp de réfugiés de Balukhali.
Puis ils étirent leur bras pour récupérer la nourriture distribuée.
Parfois ils ont la chance de tomber sur des points d'eau, comme on peut le voir ici avec ces enfants Rohingya qui se lavent dans une rizière près du camp des réfugiés.
Dar Yasin est ahuri de toute cette misère, pour lui ses photos aident à témoigner « d'une condition humaine qui a toujours existé : la persécution, la fuite et le sentiment de non-appartenance. »
Le photographe nous prévient par des propos poignants : « Il existe un abri limité, des aliments limités et une aide médicale limitée. Le voyage vers de meilleures installations médicales ou de meilleures conditions de vie est très coûteux et ils (les Rohingyas) n'ont pas d'argent (...)La maison qu'ils avaient n'est plus. La vie qu'ils avaient n'est plus. Dans la plupart des cas, la famille qu'ils avaient n'est plus. »
Nous sommes en droit de nous demander ce qu'attend le gouvernement birman pour arrêter ce massacre. Malala Yousafzai, la jeune pakistanaise Prix Nobel de la paix 2014, s'est également posé la question et a critiqué ouvertement Aung San Suu Kyi, porte-parole du gouvernement Birman et elle aussi récompensée du Prix Nobel de la paix en 1991, de ne pas s'exprimer davantage sur le sujet. En effet, Aung San Suu Kyi ne s'est exprimée qu’hier, mardi 19 septembre, et son discours n'a pas atténué les critiques… Le pape François compte aller à sa rencontre fin novembre lorsqu'il se rendra en Birmanie, peut-être que l'Homme de foi arrivera à apaiser les mœurs.
En attendant, comme Dar Yasin le dit bien, nous qui avons pris pour acquis « la nourriture, l'abri et la sécurité », pour les Rohingyas, ce sont des aspects de la vie qui ont été arrachés « et remplacés par la peur ».