Ce lundi 4 décembre, Donald Trump a annoncé une importante réduction de vastes régions protégées, marquant le plus grand retour en arrière du siècle en matière de protection environnementale aux États-Unis. Abritant au total plus de 100 000 sites archéologiques, dont certains d'une importance majeure, ainsi que des terres et des sites considérés comme sacrés par les Indiens d'Amérique, ces zones pourront désormais être ouvertes à l'exploitation minière ou à la prospection pétrolière, ainsi qu'à d'autres usages commerciaux. Les groupes de protection de l'environnement accusent le milliardaire de vouloir piller les ressources au mépris total de la protection environnementale et du patrimoine.
Des habitants de Salt Lake City s'étaient regroupés en mai dernier pour défendre les monuments nationaux / Brent Olson, Shutterstock
ENVIRONNEMENT : Dans l'Utah, au centre-ouest des États-Unis, deux « monuments nationaux » vont se retrouver amputés d'une partie non-négligeable de leur territoire, suite à un simple coup de crayon du président Donald Trump. Au total, c'est plus de 85% de la surface du Bears Ears National Monument qui devrait disparaître, ainsi que près de 45% du Grand Staircase-Escalante National Monument.
Aux États-Unis, un « monument national » désigne une zone naturelle protégée, similaire à un parc national, mais apportant des restrictions et une protection moins stricte en matière de préservation de la faune et de la flore. En contrepartie de cette protection allégée, le président peut rapidement déclarer une zone « monument national » sans devoir passer par l'accord du Congrès, cette dernière instance pouvant se montrer beaucoup moins réactive et plus lente pour légiférer. Le souci, c'est qu'un président peut tout aussi facilement lever la protection mise en place par l'un de ses prédécesseurs. C'est exactement ce que Donald Trump vient de faire, annulant une partie des protections mises en place par Bill Clinton en 1996, puis par Barack Obama en 2016.
L'ancien magnat de l'immobilier a justifié de sa décision en arguant que son but était de « supprimer la mainmise de Washington » et de « restituer aux habitants des terres détenues et bloquées » par « le strict contrôle du gouvernement ».
Pétroglyphe Amérindien situé dans le Bears Ears National Monument / Colin D. Young, Shutterstock
« Les familles et les quartiers de l'Utah connaissent et aiment mieux cette terre et vous savez le mieux comment prendre soin de votre terre », a-t-il déclaré à Salt Lake City, la capitale de l'État, où il a annoncé hier sa décision de lever une partie de la protection des monuments nationaux.« Le lien avec les grands espaces ne devait pas être substitué aux caprices de régulateurs à des dizaines de milliers de kilomètres de là ».
Les régions concernées abritent plus de 100 000 sites archéologiques. Certains de ces sites sont d'une importance majeure, notamment des gravures et des peintures rupestres datant de plus de 5 millénaires, ainsi que les restes de 21 espèces de dinosaures jusqu’à présent inconnues. C'est sans compter les sites considérés comme sacrés ou culturellement symboliques par les peuples autochtones d'Amérique, qui vivent dans la région depuis des milliers d'années.
Les organisations de défense de l'environnement et les détracteurs de Donald Trump l'accusent, lui et ses alliés, de s'arranger pour pouvoir piller les ressources naturelles impunément.
Peak-a-Boo Canyon, dans le Grand Staircase Escalante National Monument / Gerald H, Shutterstock
Mais à ces préoccupations environnementalistes, le président états-unien oppose le « bon sens populaire » ainsi que la « liberté » des résidents des zones habitées proches : « La loi [des monuments nationaux] requiert que seulement les plus petites zones nécessaires soient mises de côté pour une protection spéciale. » Et, selon Trump, « de précédentes administrations ont ignoré ce standard et utilisé la loi pour bloquer des millions d'hectares de terres et d'eau sous le strict contrôle du gouvernement »
«Je suis un promoteur immobilier. Lorsqu'on commence à parler de millions d'hectares, je dis 'pouvez-vous répéter ? C'est beaucoup ! ' », a-t-il lancé.
En avril dernier, Donald Trump avait déjà adopté un décret exécutif prévoyant de revoir le statut d'une trentaine de sites promus « monuments nationaux » au cours des vingt dernières années sous les différentes administrations de ses prédécesseurs. Ce décret lui donne la possibilité d'abroger le statut de protection de ces lieux, ce qui suscite de vives inquiétudes du côté des défenseurs de l'environnement, qui craignent que l'initiative ouvre la porte à l'exploitation minière, à la prospection d'énergies fossiles, ainsi qu'à d'autres usages commerciaux.