Le président des États-Unis a annoncé qu'il reconnaissait ce mercredi la ville de Jérusalem comme capitale officielle d'Israël. Attendue, cette déclaration qui, selon les autorités palestiniennes, sonnerait comme « une véritable déclaration de guerre au Moyen-Orient », le déni d'une possible cohabitation et « une destruction de toutes les tentatives de traité de paix » entre les deux États. La question du statut exact de la ville sainte est un sujet extrêmement délicat, sur lequel Israéliens et Palestiniens doivent se mettre d'accord s'ils veulent un jour parvenir à un accord de paix durable. Alors que ses prédécesseurs se sont jusqu'à présent bien gardés de prendre ouvertement parti sur la question, la position adoptée par Donald Trump pourrait fortement attiser les tensions entre les deux communautés.
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Depuis la Maison-Blanche à 19 heures (heure française), Donald Trump a donc confirmé ce que tout le monde attendait : "Il est temps de reconnaître officiellement le statut de Jérusalem. Aucun président n’a voulu reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, aujourd’hui nous reconnaissons l’évidence, à savoir que Jérusalem est la capitale d’Israël. Ce n’est ni plus ni moins que la vérité. C’est la raison pour laquelle en conformité avec la loi j’ai donné l'instruction de déplacer l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem. Ceci lancera le processus".
Malgré cette position déterminée, le président américain a tenu à assurer que sa priorité restait l'accord de paix entre Israéliens et Palestiniens : "Les Etats-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties. J'ai l'intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à sceller un tel accord. Les Etats-Unis appuient une solution à deux Etats, mais entre-temps j’invite toutes les parties à maintenir le statuquo. Notre plus grand espoir c’est la paix, c'est ce que chacun des êtres humains appellent de leurs vœux. (....) Je réaffirme la volonté des Etats-Unis de poursuivre le processus de paix. Nous sommes certains des mesures que nous discutons.Et nous arriverons à une paix bien meilleure"
Si beaucoup craignent que cela puisse raviver les tensions dans la région, Donald Trump adopte une position claire supposée amener les deux parties à réellement se réunir pour négocier la paix : "Voici le message qui est le mien : le Moyen-Orient est une région pleine de culture et d’histoire, ses peuples sont dynamiques.Mais l’avenir qui attend cette régionest menacé par un terreau de violence. (...) Nous devons vaincre le radicalisme qui menace les espoirs. (...) Letemps est venu pour ceux qui attendent la paix d’expulser les extrémistes."
Une déclaration redoutée par les dirigeants internationaux
Une « déclaration de guerre contre 1,5 milliard de Musulmans [et] des centaines de millions de Chrétiens » : c'est en ces mots que Manuel Hassassian, représentant de l'Autorité nationale palestinienne au Royaume-Uni, avait défini la prise de position de Donald Trump qui reconnaît officiellement Jérusalem comme capitale de l'État d'Israël. La décision, annoncée officiellement, était d'ores et déjà perçue, au mieux, comme une grave maladresse diplomatique, au pire, comme une provocation ayant pour but de raviver les tensions.
La question du statut de la ville sainte est un point diplomatique extrêmement sensible, sujet de discorde qui déchire la région depuis les débuts du conflit israélo-palestinien, et dont les racines puisent autant dans le domaine politique que du religieux. Depuis la fin de la guerre israélo-arabe de 1948, Israël a déclaré unilatéralement Jérusalem comme étant la capitale officielle de l'État Hébreu (une position qui est à ce jour considérée comme nulle et non-reconnue par l'ONU). De leur côté, les dirigeants palestiniens insistent sur le point qu'aucun traité de paix ne pourra être signé tant que la Palestine ne pourra pas fonder sa propre capitale à Jérusalem-Est, partie considérée comme « territoire palestinien occupé » par la Cour pénale internationale, où se trouve notamment l'esplanade des mosquées. Or, Israël considère à ce jour que la ville de Jérusalem entière constitue « une capitale éternelle et indivisible ».
Monsieur Hassassian a annoncé, lors d'une entrevue à la BBC, que l'annonce du président des États-Unis signifiait un « baiser de la mort pour la solution pacifique de la cohabitation des États » ainsi qu'une « destruction complète du processus de paix ». En réaction au discours, le Hamas a indiqué que Trump avait "ouvert les portes de l'enfer" pour les intérets américains dans la région.
Suite au discours de Donald Trump, Benyamin Nétanyahou a salué ce "jour historique" et a assuré le maintien du statu quo sur les lieux saints à Jérusalem. De son côté, Emmanuel Macron a qualifié de "regrettable" la décision du président américain et a déclaré que la France n'approuvait pas cette décision.
Jérusalem est une ville hautement sacrée pour les trois religions monothéistes que sont le Christianisme, le Judaïsme et l'Islam. Cet état de fait explique en partie que l'ONU, ainsi qu'une bonne partie des dirigeants du monde, refuse à ce jour de prendre ouvertement position sur le sujet, et préfère privilégier la solution de l'ouverture et du dialogue entre les deux autorités.