« Révolution des oeufs » : L'Iran au coeur d'une vague de contestation sans équivalent depuis 2009

Une forte vague de contestation, inédite depuis la révolution verte de 2009, secoue depuis quelques jours l'Iran. Dans les slogans qu'ils scandent par milliers dans les rues, les manifestants s'en prennent aussi bien au gouvernement modéré présidé par Hassan Rohani, qu'aux conservateurs religieux représentés par le Guide suprême, Ali Khamenei.

Le caractère varié des revendications montre qu'il ne faut pas tant voir un soulèvement contre une institution du régime en particulier dans ce mouvement mais bien une colère plus globale qui marque un véritable sentiment de perte de confiance, un ras-le-bol général des Iraniens vis-à-vis de ceux qui les gouvernent.

Hassan Rohani lors d'une visite officielle en France, en 2016 / Frederic Legrand - COMEO, Shutterstock

République islamique au fonctionnement complexe, l'Iran partage le pouvoir de ses institutions entre deux camps : celui du président de la République, élu au suffrage universel direct, et le Guide Suprême, une autorité religieuse et judiciaire, qui possède un pouvoir très important et qui contrôle notamment les télévisions, les radios, et certains corps de l'armée et de la police. Les deux autorités doivent ensuite cohabiter, chacun se voyant attribuer des pouvoirs et des contre-pouvoirs spécifiques.

Le président Hassan Rohani, modéré religieusement et relativement ouvert au regard de certains de ses prédécesseurs, s'est depuis quelques mois lancé en guerre ouverte contre une partie des organisations religieuses et du clergé, qu'il a frontalement accusé de piller les financements publics. Dans le même temps, il provoque lui-même une vague de mécontentement et d'impopularité, à cause de la mauvaise posture économique du pays. 

Rohani, qui avait été réélu pour un deuxième mandat en promettant à son électorat de réussir à faire baisser le chômage et de relancer l'économie iranienne, était parvenu à faire lever certaines sanctions économiques internationales en 2015, en signant l'accord sur la non-prolifération du nucléaire iranien. Mais le taux de chômage est malgré tout resté globalement très fort, particulièrement chez les jeunes.

L'étincelle qui a mis le feu aux poudres, c'est l'annonce par le gouvernement de mesures d'austérité impliquant la réduction de certaines aides sociales, ainsi que la hausse du prix de l'essence et des œufs. Les manifestants parlent ainsi de « révolution des œufs » pour désigner le mouvement qui est en train d'émerger, même si les revendications se sont très vite élargies pour englober d'autres problématiques. Ainsi, entre les slogans hostiles au Guide Ali Khamenei et au président Hassan Rohani, on trouvait également des manifestants qui critiquaient la position internationale de l'Iran et notamment sa proximité avec la Syrie de Bachar Al-Assad, ou encore des slogans tels que « mort aux Américains » ou « mort à Israël ».

Pour l'instant, les manifestations émaillées de violences, connaissent un temps d'arrêt après cinq jours de tumulte. Selon les médias officiels, il y aurait au moins 21 morts, dont 16 manifestants, et près d'un millier d'arrestations. 


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