L’association négaWatt, composée d’une vingtaine d’experts sur la question énergétique, dévoile un scénario dans lequel la France pourrait produire 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050.
À l’heure où la France s’apprête à vivre au rythme des campagnes électorales, entre promesses et véritables enjeux sociaux et économiques, l’écologie occupe une place encore minoritaire dans le débat. Le réchauffement climatique, la sortie du nucléaire, les énergies renouvelables, etc.… Voici autant de sujets si primordiaux pour notre avenir, et ce bien au-delà de nos frontières.
Nous avons déjà été témoins de quelques exemples, à travers le monde, de pays (Chili, Équateur, Portugal) qui faisaient le choix de s’investir pleinement dans les énergies renouvelables avec des résultats très encourageants. Le dernier exemple en date étant celui des Pays-Bas qui ont réussi à faire circuler tous leurs trains grâce aux énergies renouvelables.
En France, ce ne sont pas les bonnes intentions qui manquent mais plutôt les bonnes actions. Au mois d’avril 2015, un rapport de l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) montrait que la France pouvait passer au 100% renouvelable d’ici 2050 sans que le coût ne soit plus important que le maintien du nucléaire. Seulement voilà, la publication de ce rapport, qui devait être présenté lors d’un colloque sur les énergies renouvelables, a été repoussée et n’a jamais vu le jour.
Aujourd’hui, c’est l’association négaWatt qui remet le débat sur la table, affirmant que l’on pourrait se passer du nucléaire dans les décennies à venir. Conçu par une vingtaine d’experts indépendants, ce « scénario 2017-2050 » projette la possibilité de dépendre totalement d’un mélange d’énergies 100% renouvelables d’ici 2050.
Si leur scénario peut paraître utopique, il reste certainement réalisable car il se base sur deux facteurs qui dépendant de la bonne volonté humaine, afin de réduire la consommation d’énergie dans un premier temps : la sobriété énergétique (lutte contre les gaspillages, adoption de modes de vie plus économes) et l’efficacité énergétique (amélioration des performances des logements, transports et équipements).
En couplant ces deux facteurs, ils permettent de diviser par deux la consommation totale d’énergie en 2050. Un objectif que les parlementaires ont voté en août 2015 lors de la promulgation de la loi de transition énergétique.
En complément des deux facteurs susmentionnés, il y a un troisième élément à prendre en compte qui est la production intégrale d’énergies renouvelables. À la fin de l’année 2015, 14,9% de l’énergie française était renouvelable alors que la loi de transition énergétique vise les 32% pour 2030.
Les experts de négaWatt proposent alors de se priver totalement des combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon) et des carburants dérivés du pétrole (essence et diesel), pour les remplacer avec de l’électricité et du biogaz d’énergie renouvelable. Dans la logique de leur scénario, il faudrait également que la France renonce au nucléaire. Pour cela, il faudrait que les 58 réacteurs nucléaires cessent tous de fonctionner après quarante ans de service, soit entre 2030 et 2040 pour les plus récents.
Par ailleurs, les experts misent énormément sur la biomasse (bois, déchets du secteur agro-alimentaire, résides agricoles, etc.…) qui est déjà la première source renouvelable en France. Celle-ci monterait donc en puissance à l’instar de l’éolien, le solaire photovoltaïque et le biogaz dans une moindre mesure.
« Les objectifs fixés aux différentes filières sont tout à fait atteignables. Le défi le plus difficile à surmonter est la réduction de la consommation, qui suppose des réorganisations industrielles et des évolutions sociétales drastiques » pense Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables.
Si ce scénario implique des mesures radicales pour chacun d’entre nous, négaWatt affirme que les conséquences seraient très bénéfiques sur plusieurs plans. Au niveau environnemental, la France serait neutre en carbone en 2050, ce qui signifie qu’il n’y aurait plus aucune émission de l’ensemble des gaz à effet de serre. Un phénomène qui entraînerait l’amélioration de la qualité de l’air, de l’eau et des sols.
Puis, sur le plan socio-économique, ce scénario prévoit une économie globale de 370 milliards d’euros entre 2020 et 2050, notamment grâce aux économies réalisées sur la consommation et les importations d’énergie. Selon négaWatt, le bilan des postes perdus dans certaines branches « obsolètes » (transport aérien, énergies autres que renouvelables, fret routier) et ceux gagnés dans les activités en expansion (énergies renouvelables, rénovation des bâtiments, etc.…) serait excédentaire. Leurs calculs prévoient le développement de 380 000 emplois en 2030 et 500 000 en 2050.
Ce scénario imaginé pourrait donc bien devenir une réalité à condition de se préparer mentalement à changer de mode de vie. La transition énergétique est radicale mais, appuyée par l’accord de Paris suite à la COP21, serait bénéfique pour les futures générations. Et c’est dès maintenant que ça se passe !