Bruxelles : le Parlement rejette la proposition d'élargir la pratique de la pêche électrique... et vote pour l'interdiction pure et simple de cette pratique !

La pêche à impulsions électriques, méthode controversée, sera désormais totalement interdite au sein de l'UE, a voté ce mardi le Parlement européen. La méthode, bannie depuis 1998, bénéficiait tout de même de dérogations qui permettaient de la pratiquer à titre expérimental en mer du Nord.

À 402 voix contre 232, le Parlement s'est opposé à une proposition de la Commission Européenne, qui visait à élargir la pêche électrique à d'autres zones en Europe. Non seulement cette proposition de permettre la pêche électrique à une plus grande échelle n'a pas été retenue, mais le Parlement a même demandé une interdiction totale de la pratique. À présent s'engage une période de tractation entre le Parlement, le Conseil des États Membres et la Commission, en vue de trouver un compromis final.

Silhouettes of the fishing trawler, commercial fish and net on the background of the sea /  Valentinash, Shuterstock

Revirement de situation sur la pêche électrique : interdite depuis 1998, la méthode, qui bénéficiait depuis 2007 d'une dérogation « à titre expérimental » dans la mer du Nord suite à la pression des pêcheurs Néerlandais, pourrait bien redevenir entièrement interdite, sans aucune dérogation possible. Du moins, c'est ce que requiert le Parlement européen, qui s'oppose en cela à la proposition de la Commission, laquelle souhaitait un élargissement des dérogations pour pratiquer cette pêche.

Actuellement, la pratique est limitée aux poissons plats de mer du nord, et à un type bien particulier de bateaux, les chalutiers à perche. Pour chaque État membre, seuls 5 % de ces navires, dont la Norvège possède une des flottes les plus importantes, peuvent arpenter la mer du Nord et pratiquer la pêche électrique.

Problème posé par cette technique de pêche controversée, qui fait beaucoup parler d'elle dernièrement : elle n'est pas du tout sélective, puisqu'elle consiste essentiellement à injecter de fortes décharges électriques dans les sédiments marins (le sable) afin d'électrocuter les poissons plats qui y vivent, comme les soles ou les plies. Le problème c'est qu'outre la violence de ces impulsions électriques, elles touchent sans distinguo tous les autres animaux marins, comme les raies, les crustacés, les requins, les mollusques, bref toutes les espèces vivant à proximité.

Pour les défenseurs de la méthode, il s'agirait au contraire d'une alternative écologique, puisqu'elle a l'avantage d'éviter aux chalutiers de devoir remuer et racler les fonds marins avec des filets (ce qui pour le coup perturbe aussi l'écosystème) et de moins consommer de carburant.

Mais, outre les écologistes et les pêcheurs, les acteurs politiques ont été aussi nombreux à s'immiscer dans le débat. Plus étonnant, quelque 200 chefs cuisiniers, parmi lesquels de véritables stars de la gastronomie, se sont réunis pour signer un manifeste, s'engageant à ne pas servir à leurs clients des produits issus de cette technique de pêche, et appelant les consommateurs à faire de même.

« Les chalutiers électriques produisent des captures d'une qualité déplorable, stressées et souvent marquées d'hématomes consécutifs à l'électrocution », indiquent les signataires. « Les poissons sont de si mauvaise qualité qu'on ne peut rien en faire. De plus, la pêche électrique est non sélective et menace de mettre en péril tout organisme vivant au fond de l'océan ».


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