Les ruptures se vivent parfois de façon douce, mais d’autres fois, de manière ignoble et difficile et peuvent plonger certaines personnes au fond du gouffre. Pour diminuer l’impact émotionnel d'une rupture amoureuse, un médecin canadien a mis au point une pilule appelée le propranolol, qui arrive bientôt en France.
Une rupture amoureuse peut être « pour certains, extrêmement dévastateur avec des conséquences sociales, professionnelles, familiales », explique pour Le Parisien, la psychologue Sophie Elise Bellaïche.
Différents remèdes existent pour réparer un cœur brisé : faire du sport, manger, méditer, faire de nouvelles rencontrer et même caresser un chien. Le psychologue et professeur Alain Brunet a pour sa part développé un traitement médicamenteux appelé le propranolol. Généralement utilisé pour combattre l’hypertension, il a aussi un autre effet, celui de bloquer certaines réactions du cerveau, ce qui lui a valu le surnom de « pilule de l’oubli ».
Apparue dans les années 1960 pour traiter la migraine, le propranolol s’est fait connaître dans le cadre de l’essai clinique Mémoire Vive, mené entre 2016 et 2018 par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et réservé aux victimes des attentats du Bataclan et du 14 juillet à Nice. 360 rescapés souffrant de stress post-traumatique ont suivi ce protocole et leur a permis de faire le tri entre les bons et les mauvais souvenirs.
Depuis le mois de janvier, ce médecin canadien apprend à des professionnels français de la santé à soigner des cœurs brisés. Le programme thérapeutique du docteur se déroule en deux temps. Tout d’abord, le patient consomme une dose de propranolol. Ensuite, il rencontre 29 autres participants pour raconter leurs souvenirs douloureux.
« Le chagrin d’amour peut engendrer un trouble de l’adaptation, au même titre que le stress post-traumatique. Ce sont des pensées répétitives, une envie dévorante de pleurer, des nausées, de la détresse. C’est à ces patients que la thérapie s’adresse », raconte au Parisien le professeur Brunet.
Ce nouveau remède bloque ainsi les hormones de stress. Le souvenir devient de moins en moins puissant, tout comme la douleur qui y est associée. « Ce bêtabloquant agit sur la phase-clé de la consolidation et permet de diminuer l’intensité des souvenirs traumatiques forts », explique l’AP-HP sur son site.
Bien qu’à ce stade le traitement soit efficace pour 60 % des participants, qui ont vu leurs symptômes diminuer, certains spécialistes mettent en garde contre son utilisation. Ils insistent notamment sur la nécessité d'encadrer la prise de propranolol par un professionnel, impliquant un suivi médical strict. Sophie Elise Bellaïche rappelle aussi qu'il y a des contre-indications à ce médicament, notamment pour les femmes enceintes.