Le SAMU dans la tourmente après avoir moqué l'appel d'une femme, décédée peu de temps après

Noami Musenga, 22 ans, est décédée le 29 décembre dernier à Strasbourg. La jeune femme, qui souffrait d'importantes douleurs abdominales, avait pourtant prévenu le Samu plus tôt dans la journée. Mais son interlocutrice s'était montrée indifférente face à ce cri d'alarme et ne lui a pas porté assistance. Près de cinq mois après les faits, la famille tente de comprendre et demande l'ouverture d'une enquête.

C'est une affaire qui soulève de nombreuses questions. Noami Musenga, Strasbourgeoise de 22 ans, est décédée le 29 décembre dernier. Quelques heures avant sa mort, le même jour, la jeune femme avait contacté le Samu du Bas-Rhin vers 11 heures du matin pour de fortes douleurs au ventre. Mais son appel n'avait pas été pris au sérieux. Pire, on s'était moqué d'elle et lui avait refusé l'assistance.

L'enregistrement de la conversation entre Naomi et les urgences, mis en ligne en accord avec sa famille sur le site d'information alsacien Hebdi le 27 avril dernier, pose question. On y entend un premier échange entre deux opératrices qui plaisantent à propos de l'appel de Naomi Musenga, qui est d'abord passé par le standard de la police avant d'être relayé au Samu.

Les deux femmes ne semblent absolument pas inquiètes et prennent même le temps de décrier Naomi. « Elle m'a dit qu'elle va mourir », rigole doucement l'une des interlocutrices. « Ah, bah c'est sûr qu'elle va mourir un jour, comme tout le monde », rétorque l'autre.

Mais la conversation la plus glaçante est celle entre Noami et la permanencière du service d'aide médicale urgente. « Aidez-moi, Madame », dit d'abord Noémie d'une petite voix fragile. Mais l'interlocutrice se montre agressive et dénuée d'empathie dès le début. « Qu'est-ce que vous avez  ? Bon, si vous ne me dîtes pas ce qu'il se passe je raccroche », lance-t-elle. « Madame, j'ai très mal », tente d'expliquer Noami, qui lutte pour s'exprimer. « Oui, et bien, vous appelez un médecin », lui répond sèchement la dame, qui la renvoie vers SOS Médecins en lui donnant le numéro à contacter.

« Je vais mourir », répète alors Naomi, ce à quoi l'interlocutrice répond : « Oui, un jour, comme tout le monde. Voilà, au revoir », conclut finalement cette dernière, laissant la jeune femme dans l'agonie sans chercher à savoir quels sont véritablement ses symptômes.

Naomi va alors tenter d’appeler à trois reprises SOS Médecins, mais, affaiblie, se trompe en tapant le numéro sur le clavier. Elle parvient à joindre une proche, qui se rend chez elle et la trouve baignant dans son sang. Un médecin arrive finalement chez elle en début d'après midi et appelle immédiatement le Samu, qui envoie cette fois-ci une ambulance.

La jeune femme encore consciente est évacuée aux alentours de 15 heures vers les urgences du Nouvel hôpital civil de Strasbourg. Pendant le transport, son état se dégrade très rapidement et elle sombre dans le coma. Son cœur s’arrête de battre à plusieurs reprises et elle décède à 17 h 30, rapporte les Dernières Nouvelles d'Alsace. 

Repenser le système

Près de cinq mois après la mort de cette mère d'une fille d'à peine deux ans, sa famille cherche encore à éclaircir la situation. Dans un courrier envoyé au parquet de Strasbourg, elle demande l'ouverture d'une enquête afin de comprendre et surtout savoir si une prise en charge immédiate aurait pu sauver Naomi. L'autopsie du corps, pratiquée le 3 janvier, a révélé une « défaillance multiviscérale sur choc hémorragique », selon le rapport d'autopsie auquel Le Monde a eu accès, mais n'a pas permis de préciser les causes de la mort.

Les Hôpitaux universitaires de Strasbourg ont, quant à eux, ouvert une enquête interne le 3 mai, soit quelques jours après la publication du fameux enregistrement que la famille a mis plus de trois semaines à obtenir.

Communiqué de presse Hôpitaux Universitaires de Strasbourg

L'affaire suscite par ailleurs de nombreuses réactions. Le président de l'association des médecins urgentistes de France Patrick Pelloux a pris connaissance de la gravité de la situation et estime auprès du Parisien qu'il « faut faire toute la lumière sur ce qu’il s’est passé ». Il suggère une « vraie remise en question de l'organisation des secours en France » et en appelle ainsi à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

Cette dernière s'est dite « profondément indignée » sur les réseaux sociaux et a annoncé vouloir ouvrir une enquête auprès de l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) sur ces « graves dysfonctionnements ».

Source : Hebdi
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