« Ils sont partis là-bas pour tuer nos enfants, ils n'allaient pas espérer un hôtel 5 étoiles » : Les djihadistes françaises prisonnières en Syrie risquent fort d'être jugées sur place

Elles demandaient à être rapatriées en France pour y être extradées, se plaignant des « mauvaises conditions de détention » après être tombées aux mains des forces Kurdes : les femmes terroristes françaises ne bénéficieront finalement peut-être pas de la clémence toute particulière dont elles auraient aimé faire l'objet.

Par l'intermédiaire de leurs avocats, certains djihadistes voulaient faire valoir leur droit à être jugées par les autorités de leur pays d'origine, à savoir la France. Parmi elles, Emilie König, une Bretonne âgée de 30 ans, figure importance du djihadisme français et l'une des plus fameuses recruteuses de Daesh.

Mais ce jeudi, Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, a déclaré que les Français actuellement faits prisonniers au nord de la Syrie et dont le nombre est au total estimé à une trentaine, seront « jugés là-bas » dès lors que les « institutions judiciaires sont en capacité d'assurer un procès équitable » avec des « droits de la défense respectés ». Autrement dit, la France devrait en principe se garder d'intervenir en la faveur de ses ressortissants inculpés pour des faits de terrorisme à l'étranger, mais s'assurera cependant que la justice soit rendue de manière impartiale.

Ce jeudi matin, sur les ondes de France Info, l'avocate de l'une de ces djihadistes, Marie Dosé, estimait que c’était à la France de juger les criminels venus de son territoire, puisque cela impliquerait aussi selon elle de la responsabilité de la France : « Toutes celles qui sont parties et qui sont françaises, c'est notre échec, notre histoire », a-t-elle avancé pour justifier le retour des djihadistes français sur le sol national. « Si l'on considère que, parce que ces personnes ont commis le pire, elles méritent le pire, on a perdu la guerre contre le terrorisme », a-t-elle poursuivi.

Également ce jeudi matin, sur RMC, le représentant du Kurdistan syrien Khaled Issa, était lui invité à prendre la parole au micro de Bourdin Direct. Interrogé sur l'arrestation des djihadistes français, il a insisté sur le fait que ces derniers ne s'étaient « pas rendus pacifiquement » mais qu’au contraire ils avaient bien « été capturés dans les combats ».

Khaled Issa a également évoqué le sujet des femmes djihadistes françaises qui ont fait parvenir un peu plus tôt dans la semaine une lettre écrite au président Emmanuel Macron, exigeant leur retour en France pour y être jugées et se plaignant de « mauvaises conditions de détention ». Il a balayé les accusations de mauvais traitements et de torture avancées par les familles des djihadistes, assurant que les forces kurdes ont respecté « toutes les conventions » concernant le traitement de leurs prisonniers de guerre.

« Ces criminels sont partis là-bas pour nous tuer, tuer nos enfants. Ils ont perdu. Dire qu'ils sont maltraités… Ils sont mal placés pour dire cela. Ils n'allaient pas non plus espérer un palace 5 étoiles ! » a-t-il lancé.

Khaled Issa a expliqué que toute décision quant au jugement des djihadistes français se ferait, de toute façon, d'un commun accord entre la France et les forces Kurdes. Comme l'a laissé entendre ce jeudi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, il y a de fortes chances pour que l'État français ne cherche pas à rapatrier coûte que coûte « ses » terroristes.

M. Issa a malgré tout laissé entendre que les Kurdes « préféreraient » que les terroristes soient jugés dans le cadre d'une cour internationale : « s'il y avait une sorte de tribunal comme à Nuremberg, au niveau international, cela permettrait de juger ces criminels ainsi que les États qui les ont soutenus. »


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