Cette carte des « zones mortes » des océans, dues au manque d'oxygène dans l'eau, est glaçante

Les océans sont privés d'oxygène : selon une récente étude, les « zones mortes », des zones avec un taux zéro oxygène, ont été multipliées par 4 en une cinquantaine d'années, à cause du réchauffement global des températures océaniques. Les zones côtières avec un taux d'oxygène dangereusement bas lié à la pollution humaine ont, quant à elles, été multipliées par dix au cours de la même période. Un constat alarmant qui pourrait mener à la disparition de nombreuses espèces.

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Les océans étouffent : c'est le constat, terrible, dressé par une étude publiée dans la revue Science et relayée jeudi dernier par le Guardian. Selon un groupe d'experts internationaux mis en place par l'Unesco, le GO2NE (pour Global Ocean Oxygen Network ), les zones complètement privées d'oxygène ont quadruplé depuis les années cinquante. Les zones près des côtes ayant un taux d'oxygène  très bas ont, quant à elles, été multipliées par dix fois pendant le même laps de temps. Un constat qui alarme les spécialistes, car il pourrait être synonyme d'extinction de masse.

Lorsqu'on parle de réchauffement global ou de pollution, le taux d'oxygène des océans n'est que rarement évoqué. Pourtant, la désoxygénation globale des océans est l'une des causes les plus dramatiques du réchauffement climatique, car elle met potentiellement en danger des milions d'espèces vivantes ! En effet, l'eau contient de l'oxygène dissous, qui est respiré par les animaux marins notamment grâce à leurs branchies. Or, plus une eau est chaude, moins elle peut contenir de l'oxygène : c'est la raison pour laquelle certains poissons d'eau foide étoufferaient s'ils s'aventuraient dans des eaux plus tempérées.

Zones privées d'oxygèneScience mag

Le problème, c'est que lorsqu'il y a une hausse globale de la température des océans, même si cette dernière n'est que de quelques degrés, les créatures marines se retrouvent avec des taux d'oxygène plus bas que ceux auxquels ils sont habitués. Et, même s'ils pouvaient sans doute survivre à une température légèrement élevée de quelques degrés supplémentaires, ils ne peuvent pas en revanche se passer d'oxygène.

Si la hausse globale de la température des océans a pour effet de faire globalement baisser le taux d'oxygène présent dans l'eau partout dans le monde, elle n'est pas la seule responsable : ainsi, dans les zones côtières, il existe des zones carrément privées d'oxygène ! Ces zones, appelées « zones mortes » parce qu'elles contiennent un taux de 0% d'oxygène, sont de la pollution qui se déverse dans la mer depuis les terres, comme les fertilisants agricoles, les déchets d'usines ou les égouts. 

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Denise Breitburg, docteur en biologie marine et notamment spécialiste de l'influence humaine sur les milieux aquatiques ainsi que des effets du manque d'oxygène sur les écosystèmes marins, a dirigé l'étude. Elle explique, dans des propos rapportés par le Guardian, que les conséquences de la désoxygénation des océans pourraient être dramatiques, bien qu'il s'agisse d'un phénomène mal connu du grand public :

« Dans l'histoire de la Terre, des événements d'extinctions majeures ont été associés à la hausse de température des climats et à la déficience d'oxygène dans les océans », explique-t-elle, suggérant que cela pourrait conduire à une nouvelle grande extinction d'espèces à l'échelle planétaire. « Si l'on suit la trajectoire actuelle, c'est vers là qu'on se dirigerait. Mais les conséquences pour les humains  de suivre une telle trajectoire seraient si sinistres et si dramatiques, qu'il est difficile d'imaginer que nous nous aventurions trop loin sur ce chemin ».

Car malgré les sombres perspectives amenées par la désoxygénation massive des océans, la chercheuse demeure optimiste : « Il s'agit d'un problème que nous sommes en mesure de résoudre », affirme-t-elle. « Mettre un terme au réchauffement global requiert un effort global, mais même les actions locales peuvent aider à lutter contre le déclin de l'oxygène dans l'eau ».  Et de citer l'exemple de la Tamise, au Royaume-Uni, ou encore de la baie de Chesapeake — le plus grand estuaire des États-Unis. Ces zones sont des exemples de belles réussites, où l'amélioration des techniques agricoles et du traitement des eaux usées ont progressivement conduit à la disparition des « zones mortes ».


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