Autrefois préconisée, la kiné respiratoire est aujourd’hui déconseillée pour traiter la bronchiolite du nourrisson. Explications.
C’est une nouvelle qui risque de chambouler les habitudes de bon nombre de praticiens et de parents !
La Haute autorité de santé (HAS) déconseille désormais la kinésithérapie respiratoire pour traiter la bronchiolite chez le nourrisson, suivant ainsi des recommandations faites il y a près de 20 ans.
Cette pathologie fréquente, qui touche chaque hiver près de 500 000 enfants en bas âge, se manifeste par deux symptômes facilement identifiables : une toux, accompagnée d’une respiration rapide et sifflante.
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« La kinésithérapie respiratoire est non seulement inutile mais sûrement contre-productive »
Jusqu’à présent et ce depuis des décennies, les médecins prescrivaient de la kinésithérapie respiratoire pour traiter cette infection.
Or la pratique - qui consiste à exercer une pression manuelle au niveau des côtes et du ventre du bébé afin que ce dernier évacue les glaires vers sa gorge et sa bouche – est désormais pointée du doigt pour son inutilité.
Pire encore, elle pourrait même s’avérer risquée pour la santé de l’enfant déjà souffrant.
« Nous n’avons aucun niveau de preuve de cette méthode. Chez les enfants hospitalisés, atteints des formes les plus graves, la kinésithérapie respiratoire est non seulement inutile mais sûrement contre-productive. Cela va aggraver l’état de l’enfant, qui est déjà fatigué et a du mal à respirer », affirme ainsi le professeur Pierre-Louis Druals, vice-président de la HAS.
« Nous sommes le seul pays avec la Belgique à prescrire la kiné respiratoire. Dans les autres pays, on voit que l’évolution n’est pas plus péjorative. Les enfants guérissent de la même manière », ajoute ce médecin généraliste qui exerce dans les Yvelines.
Partant de ce principe, la kinésithérapie respiratoire est donc désormais « contre-indiquée » à l’hôpital et « non recommandée » en médecine de ville.
« Le lavage nasal est vécu comme quelque chose de désagréable pour les parents, mais cela va aider l’enfant à mieux respirer »
Par ailleurs, la HAS et le Conseil National Professionnel de Pédiatrie (CNPP) ont établi trois stades de gravité de la bronchiolite, ainsi que les prises en charge adéquates pour chacun.
Il y a tout d’abord les formes légères qui ne nécessitent pas d’hospitalisation. Dans ces cas de figure - où l’enfant continue à se nourrir avec plus de la moitié des quantités d’aliments qu’il ingurgite habituellement -, le médecin traitant devra prescrire la technique du lavage de nez, qui a fait ses preuves, et en expliquer le principe aux parents.
Cette méthode consiste à insérer du sérum dans les narines du nourrisson pour évacuer les sécrétions nasales. Simple et efficace, elle est toutefois redoutée par les parents qui ont très souvent peur de faire souffrir leur enfant.
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« Le lavage nasal est vécu comme quelque chose de désagréable pour les parents, mais cela va aider l’enfant à mieux respirer en désobstruant ses voies respiratoires. Il faut leur apprendre ce geste, le faire avec eux, puis leur faire faire », explique le professeur Druals.
Ensuite, en cas de bronchiolite modérée entraînant une prise de nourriture inférieure à la moitié des quantités habituelles, il est recommandé aux médecins d’effectuer une « évaluation pour une orientation vers une prise en charge en ville ou, au cas par cas, à l’hôpital ».
Enfin, en présence des formes les plus graves, les bébés malades doivent systématiquement être orientés vers un hôpital et, le cas échéant, vers une unité de soins intensifs.
Selon les estimations, seuls 2 à 3 % des nourrissons de moins d’un an seraient hospitalisés chaque hiver pour une bronchiolite. Dans l’immense majorité des cas, les parents se voient prescrire le lavage nasal pour soigner leur enfant.