#MeToo et #BalanceTonPorc sont devenus, très rapidement, les maîtres-mots en matière de féminisme. Pour le réalisateur Michel Hazanavicius et l'essayiste Raphaël Glucksmann, hors de question de se terrer dans le silence et laisser penser que les hommes ne sont pas de la partie. #MeToo laisse la place à #WeToo.
"J'ai trouvé extrêmement important que les hommes se taisent et écoutent la parole des femmes"
— C Politique (@CPolF5) 29 janvier 2018
Dans C Politique, Raphaël Glucksmann @rglucks1 explique pourquoi il lance le mouvement #WeToo pic.twitter.com/YFx5kkkfBZ
Le féminisme. Un gros mot bien gras il y a encore quelque temps, une ode à la bienséance depuis peu. Un mot qui a fait naître, de par son aspiration à rendre l'égalité possible, les mots-dièses #Metoo et #BalanceTonPorc qui ont défrayé toutes les chroniques et permis de délier beaucoup de langues, mais pas toutes les langues. La globalité de ce combat contre les comportements archaïques d'une société pas si moderne que cela, était uniquement porté par des femmes. Des tribunes qui se fustigeaient entre elles et des débats qui opposaient les femmes qui défendaient la « liberté d'importuner » et les femmes qui voulaient « balancer leur porc ».
Et dans l'ombre de tout ce débat, médiatique mais utile à la compréhension des revendications de la majorité des femmes, le silence des hommes a fait beaucoup de bruit. Quelques hommes ont évidemment brisé la glace en dénonçant les agissements présumés de ceux qui étaient sur le banc des accusés, laissant ainsi supposer que certains hommes soutenaient ces dénonciatrices, victimes du sexisme ambiant, quotidien et banalisé.
Et évidemment, en silence, nombre d'hommes se sont ainsi demandé, si eux aussi, ont déjà été le porc d'une femme. C'est d'ailleurs là, la force de ce choc médiatique propulsé par les réseaux sociaux. Mais si une poignée d'homme n'a pas eu peur de tourner le dos à leur semblable, aucun n’avait réellement émis le désir de se rallier à la cause de Metoo. Raphaël Glucksmann, philosophe et directeur du « Nouveau Magazine Littéraire » et le réalisateur Michel Hazavanicius ont alors décidé de signer une tribune, inscrivant leur besoin d'inclure les hommes dans le combat mené par les femmes pour l'égalité et non érigé contre les hommes.
« Depuis l’éclatement de l’affaire Weinstein, le mouvement #MeToo a ébranlé l’antique domination masculine de l’espace public. Tant mieux ! »
Cette tribune tente d'expliquer le silence des hommes après que le chaos médiatique des suites de l'affaire Weinstein a éclaté. « Notre réaction fut d’abord de nous taire et de lire, d’écouter ce qu’elles avaient à nous dire d’elles-mêmes, du monde et de nous. » Puis, de rappeler que la parole des hommes avait jusqu'alors toujours eu la main mise sur celle des femmes, ainsi que les « mots d’hommes structurent le débat et il nous a semblé évident, essentiel d’assister au déploiement de ces discours et de ces récits féminins ».
Parce que nous devrions tous nous sentir concernés par la lutte contre le harcèlement et que le silence des hommes sur la question est de plus en plus intenable...https://t.co/opPqu4gyqW
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) 27 janvier 2018
L'élément déclencheur ? La tribune dite « des 100 » qui, malgré un discours audible, a fait un tollé en prônant une liberté loufoque, qu'est celle « d'importuner ». Leur but est d'affirmer qu'ils ne veulent « pas de ces ' libertés ' si elles s’inscrivent dans des situations et des structures de domination : on nous a appris enfants que notre liberté s'arrêtait là où commençait celle des autres et nous pensons que la liberté des femmes à ne pas être importunées est ici la question centrale. »
Les auteurs de la tribune se réjouissent d'un « mouvement d'émancipation » précisant qu'il « ne s’agit pas d’une révolte des femmes contre les hommes mais d’un combat commun contre les injustices faites aux femmes ». Décrivant le courage des femmes qui ont osé sortir de l'omerta, ils affirment désirer au moins autant que les femmes l'égalité : « Nous aussi, nous voulons l’égalité qui seule nous rendra tous et toutes réellement libres. Nous aussi. We Too. »