Ce week-end, la scène surréaliste montrant un élève en train de braquer sa prof pour qu’elle le note présent a fait le tour de la toile. Sur les réseaux sociaux, le corps enseignant en a profité pour rappeler la banalité de cette violence en témoignant de leurs propres expériences.
L’image marquante, qui s’est déroulée au lycée Edouard-Branly de Créteil (Val-de-Marne) aura eu le mérite de faire réagir tout le corps enseignant, à défaut de sensibiliser leur hiérarchie et l’Éducation nationale. Car oui, c’est bien cette « impunité », cette culture de « ne pas faire de vagues » que les professeurs veulent dénoncer aujourd’hui.
La violence des élèves, ils la subissent face à des cas isolés mais de façon régulière et bien souvent, la hiérarchie ferme les yeux ou minimise l’incident.
L’attitude de l’enseignante braquée, blasée, illustre bien la banalité du geste de l’élève. Elle a même attendu le lendemain pour porter plainte au commissariat.
Ainsi, ce week-end, Twitter a été le support d’une grande vague portée par le hashtag #PasdeVague, partagée massivement par les professeurs pour soutenir leur collègue et dénoncer l’absence de réaction de l’Education nationale face à ces violences.
Voici un petit florilège de ces témoignages :
#PasDeVague .
— Ann (@coffeeandpupils) 21 octobre 2018
«Ce n'est pas vous qu'il insulte. Mais l'institution»
«Vous prenez les choses trop à coeur»
Toutes ces phrases trop entendues.
Le problème de la violence dans les établissements scolaires se résume à ceci : tant que les chefs d’établissement préfèreront ne pas réagir pour ne pas avoir à faire remonter les incidents, ceci pour se faire bien voir de leur hiérarchie, la violence continuera. #pasdevague
— LeChat (@sandlry) 21 octobre 2018
On m'a crache dessus et on m'a menacé de me «castagner A la sortie». Punition : aucune. Je porte plainte. CDE: «bon j'ai posé 3 jours d'exclusion, mais vous êtes dans le répressif, pas dans l'éducatif...» #pasdevague
— profdevieuxmots (@TeamLatinBlanqu) 21 octobre 2018
Le Hashtag #PasDeVague : comment, en 2018, les réseaux sociaux peuvent rompre en une seule soirée des années d'omerta dans l'Education Nationale
— Transparency Education Nationale (@TransparencyEN) 21 octobre 2018
#PasDeVague Ces 6 élèves de 3ème qui ont fait de ma vie professionnelle un enfer il y a quelques années, véhiculant des rumeurs, me harcelant constamment, et ce sous le regard bienveillant de la CPE qui en rajoutait une couche dans les rumeurs, et du CDE qui ne disait rien.
— Shinycolours (@Shinycolours33) 21 octobre 2018
Une élève m’insulte et me menace. Je fais un rapport à la principale. Elle me convoque pour une confrontation (sic) avec l’élève. Elle commence : « Alors Mme Lapnyx, cette élève se plaint que vous ne l’aimez pas... » Bref, c’était à moi de me justifier !!! #PasdeVague https://t.co/2oX0h4GdOy
— Lapnyx (@lapnyx) 21 octobre 2018
#PasdeVague Je me souviens aussi de ces 10 jours - et c'est long, 10 jours - au cours desquels j'ai dû aller en classe et retrouver face à moi l'élève qui m'avait agressée car, vous comprenez, en avril, on n'est pas loin du brevet, on ne va pas l'exclure.
— Marie.Tran (@Marie_Nanterre) 21 octobre 2018
#PasDeVague
— Jenny LARTAUD (@jenny_lartaud) 21 octobre 2018
On est tous aussi blasés que cette enseignante.
Il y a 2 ans, j'ai été littéralement harcelée par toute une classe de 4e : «si on ne vous suit pas dans les rangs, c'est parce que vous êtes trop petite, on ne vous voit pas !» 1/2
J'aurais aimé être soutenue lorsqu'une élève, il y a qqs années, m'a tapé dessus dans un couloir de mon établissement. Mais le conseil de discipline ne l'a pas même exclue. Et on m'a expliqué qu'il fallait prendre les choses moins à coeur. Voilà la réalité du terrain.#pasdevague https://t.co/ePEEDarko1
— Maelita (@maelialc) 21 octobre 2018
Depuis quelques années, quand en réunion les problèmes de violence, de manque de respect ou l’augmentation des incivilités sont évoqués, la réponse des chefs est de dire qu’il ne faut pas hésiter à muter, voire à changer de métier même car « les élèves ont changé ». #PasdeVague
— Mister Adien (@Mister_Adien) 21 octobre 2018
#PasDeVague Trois élèves agressent sexuellement un de leurs camarades (pénétration par objet). Le conseil de discipline les vire définitivement. Quelques jours après, le rectorat impose le retour d'un des auteurs dans la même classe que la victime.
— Muriel A (@MAndreievna) 21 octobre 2018
Je fais cours porte ouverte, un élève passe dans le couloir & crie «Madame M sale pute !»
— DonaSol (@Dona_Sol) 21 octobre 2018
Première réaction de la Principale «Vous avez peut-être mal entendu car ce n'est pas sa version des faits»
Heureusement que j'avais une douzaine de 6e comme temoins#Pasdevague @jmblanquer
Le Hashtag #PasDeVague : comment, en 2018, les réseaux sociaux peuvent rompre en une seule soirée des années d'omerta dans l'Education Nationale
— Transparency Education Nationale (@TransparencyEN) 21 octobre 2018
Ma collègue insultée de «sale pute» par un élève et qui demande une sanction auprès du principal, réponse de ce dernier : «Oh ! Vous êtes susceptible aussi !» #PasDeVague
— Nico (@nicornichette) 21 octobre 2018
Un élève de 4ème «légèrement» misogyne à une surveillante : «Toi, tu suces ma bite». Aucune exclusion prononcée, pas de conseil de discipline malgré demande de l'équipe enseignante. #PasDeVague
— Prof Anarazel (@lphaweb) 21 octobre 2018
Un jour un élève de 3ème me pète les clignotants arrières de ma moto ! Le chef d'établissement me demande de ne pas porter plainte et le collège remboursera la réparation ! #PasDeVague
— ryan foxton (@foxton_ryan) 21 octobre 2018
Le remplaçant qui l’année dernière s’est pris une droite d’un 4ème (qui avait déjà insulté plusieurs adultes et mordu un autre prof!) 1 jour d’exclusion uniquement . Réaction du directeur segpa: c’est le prof qui a provoqué et ne savait pas gérer la classe .... #PasdeVague
— zouz' (@zouzoubchka) 21 octobre 2018