L'indignation est massive. Et pour cause. La nouvelle campagne de Robert Ménard en faveur du TGV à Béziers suscite un grand nombre de questions, à savoir l'importance du droit des femmes au sein des préoccupations de l'extrême droite.
Le 12 juin 2017, une femme de 34 ans, mère de 4 enfants mourrait dans d'affreuses conditions. Son mari lui avait ligoté les pieds et les mains puis l'avait abandonnée sur les rails d'un TGV. Vous connaissez la suite. Aujourd'hui, pour une campagne de communication pour qu'une ligne de TGV voie le jour à Béziers, son maire d'extrême-droite, Robert Ménard a décidé de frapper fort afin d'arriver à ses fins quitte à entacher la vie de nombreuses femmes.
#Béziers #TGV #occitanie #lgvoccitanieoui Notre nouvelle campagne d'affichage débute aujourd'hui ! pic.twitter.com/SW9M7LUBBi
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 11 décembre 2017
En effet, il s'est essayé à l'humour. Echec total. S'inspirant des faits réels mentionnés précédemment, il a fait le choix d'un slogan pour le moins abject : «elle aurait moins souffert avec le TGV», comprenez, une mort moins lente lui aurait été profitable. Un slogan bien en deçà de ce que l'on attend d'un homme politique. La provocation récurrente de Robert Ménard a, ici, atteint son paroxysme.
Et si il paraît clair que le lien entre le fait-divers et sa campagne de communication a été établi, Robert Ménard s'en défend et semble indiquer le caractère fortuit de la sitatution, déclarant sur son compte Twitter qu'il s'agirait d'une image qui fait référence à l'univers du western. Bénéfice du doute oblige, il est difficile de croire qu'il ait pensé cette affiche en occultant ce tragique épisode de cette femme morte après le passage du TGV qui reliait Paris à Nantes.
Des chiffres que l'on répète trop souvent
Mais apparemment il faut en user et abuser. Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint et une femme sur trois est victime de violences conjugales au cours de sa vie. Une violence que l'on souhaite voir disparaître et qui est aujourd'hui releguée au rang de farce. Et qu'est ce qu'on rit.
En 2016 encore, une femme est morte tous les 3 jours du fait de la #violence de son partenaire ou ex-partenaire https://t.co/nG0MYeihAl https://t.co/PoP8tc5DIZ
— Ministère de l'Intérieur (@Place_Beauvau) 1 septembre 2017
Un discours intrinsèque au schéma de la pensée d'extrême-droite
Dans un contexte où la place de la femme dans la société se fait débat commun et qu'une conscience collective naît chaque jour davantage, il est navrant qu'un homme politique aille à l'encontre de toutes ces pensées qui visent à faire avancer la représentation de la femme.
C'est dur. Parce que Robert Ménard a l'air d'avoir oublié, l'espace d'un instant, qu'il s'exprimait au nom de la République. Et que les femmes qui meurent sous les coups de leur compagnon ne sont pas des cas isolés. Il s'attaque ici aux libertés de la femme. En l'occurence celle de vivre et de ne plus mourir parce que femme. C'est dur, a fortiori lorsque cette même personne impute aux «étrangers» la bafouement des droits des femmes, qui, selon les élus d'extrême-droite, sont ceux qui, à cause de leur culture, ne respectent pas les femmes.
De toute évidence, rappeler que les violences faites aux femmes n'ont pas le monopole d'une catégorie de population à qui l'on aimerait faire porter le chapeau, mais traversent toutes les catégories socio-culturelles, n'est pas sa priorité. Ainsi, la question des droits des femmes pour ces têtes pensantes d'extrême-droite n'est qu'une excuse afin de dissimuler ou justifier un discours puant teinté de xénophobie.
De vives réactions
Bon nombre de personnalités politiques ont souhaité réagir voire agir, ce qui semble offusquer le maire de Béziers et Gilbert Collard, député FN.
Elle s'appelait Emilie, elle avait 34 ans et 4 enfants. En juin 2017, son mari l'a assassinée en l'attachant sur les rails du TGV. L'ignoble @RobertMenardFR la tue une 2ème fois. Je demande retrait immédiat + poursuites. (via @SebastienDenaja) pic.twitter.com/CIx4QdT91b
— laurence rossignol (@laurossignol) 11 décembre 2017
Campagne une fois de plus odieuse, de surcroît venant d'un élu de la République.
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 11 décembre 2017
J'ai saisi ce matin le Préfet afin que tous les recours possibles soient étudiés et activés.
Merci pour vos signalements. #NeRienLaisserPasser https://t.co/YRzhrmxAWm
Le maire de Béziers, soutenu par le Front national lors de son élection, en 2014, dénonce des réactions « outrées et paranoïaques », qui « en disent long sur l’ordre moral qui plombe le pays ». « C’est de l’humour. Dans ce cas, il faut interdire Charlie Hebdo et brûler les revues Hara-Kiri », a-t-il également déclaré à l’Agence France-Presse.
On peut certes discuter du bon goût de R. Ménard, mais saisir le préfet pour cette affiche relève de la censure d'une police politique ! pic.twitter.com/rMi7AsWliJ
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 11 décembre 2017