Le monde vient de perdre son dernier rhinocéros blanc du Nord mâle. Atteint d'une grave infection depuis quelques jours, Sudan a finalement succombé au mal qui le rongeait. Les deux derniers représentants de l'espèce sont deux femelles, qui vivent actuellement dans un zoo au Kenya. La sous-espèce Ceratotherium simum cottoni est donc définitivement condamnée à l'extinction.
CREDIT:TWITTER/@BIOLOGISTDAN
« Vous voulez savoir à quoi ressemble le vrai visage de l'extinction ? Voici le tout dernier rhinocéros blanc du nord mâle. Le dernier. Il n'y en aura plus aucun autre. » Tel était le message qui accompagnait la photo de Sudan, partagée sur Twitter par Daniel Schneider, biologiste et militant environnementaliste. La bouche dans la poussière et l'air abattu, le pachyderme était devenu le symbole de l'agonie d'une espèce entière.
Mais finalement, l'inéluctable s'est produit : le dernier représentant mâle de l'espèce s'est éteint, des suites d'une très grave infection, a annoncé ce mardi 20 mars le parc où l'animal était protégé, sur Twitter. « C'est avec une grande tristesse que l'Ol Pejeta Conservancy et le zoo Dvůr Králové annoncent que Sudan, le dernier rhinocéros blanc mâle du Nord, est mort à 45 ans au Kenya »
It is with great sadness that Ol Pejeta Conservancy and the Dvůr Králové Zoo announce that Sudan, the world’s last male northern white rhino, age 45, died at Ol Pejeta Conservancy in Kenya on March 19th, 2018 (yesterday). #SudanForever #TheLoneBachelorGone #Only2Left pic.twitter.com/1ncvmjZTy1
— Ol Pejeta (@OlPejeta) 20 mars 2018
L'espérance de vie moyenne d'un rhinocéros blanc se situe aux alentours de 43 ans. Il fallait donc s'attendre à ce que la mort finisse par emporter Soudan, qui faisait déjà figure d'ancêtre avec ses 45 ans révolus. Les chances de réussir à faire reproduire le pachyderme afin de perpétuer l'espèce étaient, de toute façon, pratiquement nulles : sans compter l'âge très avancé de l'animal, les deux seules femelles encore existantes sont respectivement sa fille et sa petite fille... autant dire qu'une insémination n'était pas possible, ni même souhaitable, au vu des risques de consanguinité.
Le seul espoir qui subsiste encore pour la sous-espèce réside désormais dans le développement des technologies de fécondation in vitro. L'opération consisterait à utiliser des ovules des deux femelles survivantes, Najin et sa fille Fatu, et de les féconder avec du sperme de rhinocéros blanc du Nord congelé, qui est conservé précieusement par des organismes scientifiques d'étude et de conservation des animaux. Mais une telle manœuvre à partir de semences conservées reste très complexe à mettre en œuvre.
En attendant, Najin et Fatu vivent actuellement dans un zoo au Kenya, où elles ont carrément été placées sous la protection de gardes armés ! Étant les deux dernières représentantes de l'espèce, leur sécurité est prise très au sérieux, et elles pourraient être la cible de braconniers ou de trafiquants.
Totalement disparus à l'état sauvage, les rhinocéros blancs du Nord étaient pourtant jadis nombreux à fouler de leurs puissantes pattes les terres du Soudan, du Tchad, de Centrafrique, du Congo, ou encore de l'Ouganda. Mais au fil des ans, les effectifs de ces majestueux pachydermes se sont drastiquement réduits, comme peau de chagrin. Victimes de la chasse intensive, du braconnage, mais aussi des guerres qui ont ensanglanté la région, leur disparition est aujourd'hui imminente.