Quelques jours après la fusillade du lycée de la ville floridienne de Parkland, de nombreuses voix s'élèvent aux États-Unis pour bannir définitivement les armes à feu. Pourtant, ce mardi 20 février, le Parlement de Floride a rejeté, à 73 voix contre 36, une proposition de loi visant à interdire la possession et la vente de fusils d'assaut automatiques. Filmée par CBS Miami, une lycéenne de Parkland, qui avait tenu à assister au vote, est sortie en pleurs.
Floride, États-Unis : Malgré un désaveu croissant et une opinion publique à fleur de peau, quelques jours après ce qui est désormais considéré comme étant l'une des tueries de masse en milieu scolaire les plus sanglantes aux États-Unis, les lobbies des armes à feu semblent encore puissamment ancrés dans la vie publique et politique.
Il fallait s'y attendre : le parlement de cet État très conservateur a rejeté, à une vaste majorité, une proposition de loi visant à interdire la possession et la vente de fusils d'assaut automatiques... Ceci, malgré l'événement tragique qui a ensanglanté le Lycée Marjory Stoneman Douglas, dans la ville de Parkland, le 14 février dernier, et qui a poussé à la soumission de cette proposition de loi.
« La prochaine fois qu'il y aura des morts, ce sera de leur faute »
Il fallait s'y attendre, et pourtant : Sheryl Acquarola, jeune lycéenne étudiant au sein de l'établissement qui fut le théâtre du drame, n'a pas pu retenir ses larmes. Présente dans la salle, malgré le fait que le résultat fut couru d'avance, elle a tenu malgré tout à assister au vote. À l'annonce du résultat final, elle ne peut s'empêcher d'éclater en sanglots.
« La prochaine fois qu'il y aura des morts, ce sera leur faute. Ce sera à cause d'eux, et ce sera leur faute », répète l'adolescente, filmée par CBS Miami. « Tous ces gens vont retourner chez eux, dans leurs familles, et il y aura un vide dans leurs vies. Et ce sera leur faute. Parce qu'ils auraient pu faire quelque chose, aujourd'hui ! »
La National Rifle Association — NRA, qui promeut le libre usage des armes à feu, constitue à ce jour l'un des lobbies politiques les plus influents et les plus puissants aux États-Unis, apportant des voix et des financements aux hommes politiques en échange de la défense de leurs intérêts. Plus que la désillusion de voir le Parlement de Floride camper sur ses positions et rejeter la proposition de bannir les armes, c'est davantage l'ampleur du vote « non » et le cynisme des parlementaires qui sont la raison des larmes de la jeune fille :
« Je savais qu'ils n'allaient pas voter 'oui'. Je l'ai su bien trop tôt. Je sais bien qu'il reste encore des gens qui n'ont toujours pas compris. Mais il y a eu 73 voix contre 36... Et c'est trop, beaucoup trop, martèle Sheryl. Avant d'ajouter, entre deux sanglots : Ce sont 73 assassins. »
« Nous ne serons plus jamais les mêmes »
Sheryl Acquarola explique à CBS qu'elle connaissait personnellement l'une des victimes de la fusillade, Elena Ramzy : « Nous n'étions pas très proches, mais j'étais très proche avec sa meilleure amie. Mais ce n'est pas juste elle que nous avons perdue. En fait, c'est comme si j'avais perdu tous mes amis qui la connaissaient... parce qu'ils ne seront plus jamais les mêmes. »
« Je sais que nous guérirons, que nous irons de l'avant à nouveau, mais nous ne serons plus jamais les mêmes enfants que nous étions avant. »
Malgré son traumatisme, malgré la déception devant le cynisme des parlementaires, la jeune fille garde espoir et veut s'engager dans la lutte pour l'abolition des armes à feu aux États-Unis. Comme elle, de nombreux autres jeunes de Parkland se sont réunis, et doivent rencontrer ce mercredi des élus pour dénoncer la multiplication des fusillades.
« Chaque pas en avant, même petit, est un pas dans la bonne direction. Je pense que tout ce qui va dans le bon sens représente une avancée monumentale. Même si cela ne semble être qu'un tout petit pas, c'est un pas de géant. Et nous continuerons à aller de l'avant, et nous continuerons à pousser, et nous n'arrêterons pas, tant que nous ne verrons pas le changement qui doit arriver. »
Pour les élèves de Parkland ainsi mobilisés, désormais, un seul mot d'ordre : que cette fusillade soit et reste la dernière.