Les temps sont rudes pour les lanceurs d'alerte : ce n'est pas Myriam Garet, une aide soignante qui a été licenciée pour faute grave pour avoir osé dénoncer des abus et des maltraitances prenant pour cible des personnes âgées, qui vous dira le contraire. En mai 2016, cette salariée de l'EHPAD nîmois « Les Oliviers » avait été licenciée par sa direction, pour avoir voulu rapporter et de dénoncer des faits de violences à l'encontre d'une pensionnaire de 93 ans. Elle était en poste depuis sept ans.
Une personne âgée victime d'abus, image d'illustration/ Ruslan Guzov, Shutterstock
Myriam Garet avait pris des photos afin de dénoncer les maltraitances, et d'alerter les responsables de l'établissement. Mais loin de la féliciter pour avoir fait un pas pour briser l'omerta en tentant de tirer la sonnette d'alarme vis-à-vis des abus dont souffrent certains patients, la direction de l'EHPAD a décidé de la licencier pour « faute grave ».
D'abord choquée par cette décision, la jeune femme a décidé de poursuivre son ancien employeur en justice pour licenciement abusif. Elle a obtenu gain de cause ce vendredi: les Prud'hommes ont condamné l'établissement à lui verser 18 000 euros d'indemnités et 6000 euros à Pôle emploi.
La victime des maltraitances, une femme âgée de 93 ans, avait été prise pour cible par une aide-soignante qui n'hésitait pas à lui infliger de nombreux sévices, à la harceler et à la frapper. La patiente avait elle-même peur de parler, et refusait que sa famille ne dise quoi que ce soit, de peur de subir ensuite des représailles. « Elle me disait sans arrêt, ne dis rien, ne dis rien, tu parles trop et ça me retombe dessus, » détaillait en 2016 la fille de la victime à France 3.
Finalement, c'est Myriam Garet, une autre aide-soignante qui a eu le courage de faire le premier pas et dénoncer les agissements de sa collègue. Elle a pris des photos pour montrer le traitement que cette salariée faisait subir à la personne agée, afin de pouvoir plus tard étayer ses accusations auprès de la directrice de l'EHPAD.
Mais, malgré le fait que l'auteure des violences a été mise en examen et condamnée à trois ans de prison avec sursis pour coups et blessures aggravées, Myriam Garet avait tout de même été licenciée, sans indemnité.
Si le tribunal des Prud'hommes a finalement reconnu le licenciement de l'aide-soignante comme étant « abusif », la direction de l'établissement a d'ores et déjà décidé qu'elle allait faire appel de cette décision. En effet, les responsables de la maison de retraite arguent que le licenciement de la jeune femme n'est pas directement lié avec la dénonciation des actes de maltraitances, mais que la direction reproche à son ancienne salariée des actes d' « insubordination » ainsi que d'avoir publiquement « dénigré » les responsables de l'hôpital.
Affaire à suivre, donc.