Afin de dénoncer la bêtise de la culture du viol, une photographe a immortalisé les vêtements que portaient des étudiantes victimes d’agressions sexuelles.
En France, la culture du viol est malheureusement bien ancrée. Lorsque l’on voit qu’un Français sur quatre estime que la victime est plus responsable de son sort que son agresseur à cause de sa tenue, ça fait froid dans le dos.
Alors, on en vient à se poser la question suivante : « Quel type de vêtements pousse un homme à commettre une agression sexuelle ? ». On pense alors à une tenue aguicheuse et très légère et pourtant, c’est loin d’être le cas. La tenue est une fausse excuse qui tend à normaliser le viol.
C’est ce que dénonce le travail de photographies réalisé par Katherine Cambareri, une étudiante de l’Université d’Arcadia (Pennsylvanie, États-Unis) : « Pendant l’été, j’ai lu Missoula de Jon Krakauer (un rapport romancé sur les atermoiements juridiques face aux viols dans une université américaine, ndlr), et ça m’a vraiment révoltée de voir combien les affaires d’agressions sexuelles sont traitées de façon injuste », explique-t-elle auprès du Huffington Post.
« Ce livre m’a vraiment ouvert les yeux sur la manière dont on culpabilise les victimes et les questions qu’on leur pose sur ce qu’elles avaient bu ou ce qu’elles portaient au moment de l’agression. ». Des questions qui visent à protéger le coupable plus que la victime selon elle, et qui sont tout simplement absurdes : « La société part du principe que les victimes sont en tenue légère lorsqu’elles sont agressées. »
Ainsi, Katherine a pris son appareil photo et a contacté via Facebook des survivantes d’agressions sexuelles. Elle leur a ensuite demandé si elle pouvait photographier les vêtements qu’elles portaient lors de leur agression. Et lorsque l’on voit un la série de clichés, on n’y trouve pas de strings, de robes moulantes ou de jupes fendues très courtes, loin de là…
En effet, on y retrouve des vêtements lambda comme un pantalon de jogging gris, une chemise à boutons et motifs écossais ou encore un t-shirt blanc à col en V. Photographiés sur un fond noir, pour mieux nous faire ressentir l’obscurité que la victime a traversée, on a l’impression que ces vêtements, souvenirs matériels d’un événement tragique, crient en silence.
Avec cette série de photos, Katherine Cambareri compte bien montrer que l’auteur de l’agression est bien le coupable, et non la victime qui aurait provoqué avec sa tenue. Un violeur n’a pas besoin d’être motivé par une quelconque tenue pour accomplir son méfait : « Il faut mettre un terme aux stéréotypes et à la stigmatisation qui entourent les agressions sexuelles » dit-elle avec vigueur.
Après ses études, elle compte bien poursuivre son travail sur cette voie, en y incluant plus d’hommes victimes d’agressions sexuelles, qui se déclarent encore moins que les femmes. Elle veut surtout changer les mœurs de la société pour que la justice lutte contre le viol avec un nouvel angle de vue, celle de la victime : « Je veux qu’ils pensent à la culpabilisation des victimes et comprennent que demander ce que la personne portait n’est pas une question valide, parce que la victime ne cherche jamais à être agressée. L’agression sexuelle a lieu parce que quelqu’un a décidé d’agresser quelqu’un d’autre, un point c’est tout. ».